Direct Action
un film de Guillaume Cailleau et Ben Russell, 3h36
Sorti en salle le 20 novembre 2024
Sélectionné pour le Festival Best of Doc du 5 au 18 mars 2025
Y a-t-il encore des zadistes à Notre-Dame-des-Landes et comment vivent-ils ? Tourné dans la ZAD pendant deux ans (2022-23), ce documentaire raconte le quotidien des habitant·es : travail de la terre, forge des outils, entretien de la forêt, élevage des brebis mais aussi d’intenses moments festifs. La vue de ce film nous permet de penser qu’un autre monde est encore possible.

En janvier 2018, l’abandon de la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes transforme en victoire le combat mené pendant des années par l’une des plus importantes communautés d’activistes de France depuis le Larzac. En immersion dans la ZAD pendant deux ans, Guillaume Cailleau et Ben Russell rendent compte du quotidien des habitant·es.
Le film se termine par des images de la manifestation de Sainte-Soline (25 mars 2023) où les Soulèvements de la Terre s’opposent au projet de privatisation de l’eau et se heurtent, une fois encore, à la violence de l’État.
Y a-t-il encore des « zadistes » à Notre-Dame-des-Landes et comment vivent-ils ? Au total, environ 150 personnes ont investi ce vaste lieu de la taille d’un aéroport. On y travaille sans chercher le profit, les lieux de vie sont collectifs, les décisions importantes prises en AG.
Le film, que montre-t-il ? Tourné en 2022 et 2023 avec le plein consentement et le soutien des habitant·es de la ZAD, que font-ils et elles dans leur vie quotidienne ? Travailler la terre avec un cheval de labour, désherber, fabriquer des outils, couper des arbres, planter de l’ail ou des salades, nourrir des brebis. On y montre aussi un goûter d’enfants, une séance de piercing, une fête de la victoire de la ZAD…
Les cinéastes y captent le quotidien d’un lieu où l’on est soucieux de repenser les modes de production, de prendre soin de la terre, de gagner en autonomie, etc : une philosophie aux antipodes du programme productiviste et consumériste vanté par nos gouvernements tant en France, en Europe qu’ailleurs dans le monde, un modèle qui dessine les contours d’un monde possible, d’une utopie et d’une solution plus globale à la crise environnementale.
Plus prosaïquement, le film préfigure peut-être un avenir proche, lorsque nous devrons tous·tes nous organiser sur une planète de moins en moins habitable ?

Plan fixe sur un phare improbable au milieu du bocage. Voici l’une des premières images du film : il se situe exactement à l’endroit où devait être construite la tour de contrôle de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.
Dans sa forme, ce documentaire contemplatif est plutôt radical : une suite de plans fixes de 10 minutes. Le film est long et les plans sont également longs. Malgré cela, on ne s’ennuie pas. Le spectateur entre dans un espace parallèle, un espace empathique, de compréhension, en ayant la possibilité d’exister avec un sujet et de partager la temporalité de ce qui est en train de se passer.
Le choix des cinéastes de tourner avec une caméra argentique 16mm et toujours en plan fixe présente un certain nombre de limites : appareil plus lourd que l’équipement numérique, utilisation d’un trépied, pas du résultat sur l’écran, temps de chargement de la pellicule et d’installation de l’équipement… Ce choix impose le temps long : penser au cadrage des espaces, prendre le temps de regarder et comprendre avant de commencer à filmer.
La vue de ce film nous permet de penser qu’un autre monde est encore possible.
Pour en savoir plus :
Le site du film Direct Action
Direct Action dans les festivals :
Berlinale de 2024 – Meilleur film (Encounters)
Cinéma du Réel 2024 - Grand Prix
New York Film Festival 2024 - Sélection Officielle
Entretien avec Ben Russell et Guillaume Cailleau – Mediapart, 24 mars 2024
Sur la ZAD, un quotidien de désobéissance– Mediapart, 21 novembre 2024
Direct Action : le livre
DIRECT ACTION est un livre élaboré dans la continuité du film DIRECT ACTION de Ben Russell et Guillaume Cailleau – Iris Editions – 2025

L’absence quasi-totale de discours politique dans le film permet l’existence parallèle d’un livre centré sur le langage, la réception et l’interprétation. Ces interventions se composent d’anecdotes personnelles, d’histoires politiques et de détails intimes suscités par les images, révélant un riche réseau de liens entre un lieu, une personne, un collectif et une cause. Réalisé de la même manière que le film, en collaboration avec des personnes de la ZAD, le livre est destiné à exister avec ou à côté du film.