Analyse : la finance verte, une promesse illusoire ?

lundi 26 novembre 2018, par Attac France

Tout juste un an après le One Planet Summit organisé par Emmanuel Macron et à l’occasion du « climate finance day » organisé à Paris du 26 au 28 novembre, Attac France tient à rappeler, comme nous l’avons montré dans de récentes publications, que la finance verte est au mieux une goutte d’eau dans un océan de finance non verte.

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Dix ans après la crise, la finance n’est toujours pas sous contrôle. Nocif, dérégulé et instable, le système financier représente une menace sur notre avenir collectif. La financiarisation du secteur énergétique entrave la possibilité de contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C. Les financements nécessaires pour mettre en œuvre une transition énergétique mondiale sont toujours absents.

Quant aux promesses des promoteurs d’un « verdissement de la finance », elles paraissent dérisoires : trois ans après la COP 21, banques et investisseurs continuent de financer la destruction de la planète et mettent sur pied des instruments inappropriés, inefficaces et dangereux. Reprendre la main sur la finance, voilà le défi auquel nous faisons face, pour accélérer sans attendre la transition écologique et sociale.

« Zéro finance nocive, zéro évasion fiscale, zéro fossile », telle est la ligne d’horizon vers laquelle il faut se projeter.
Consulter le dossier « Reprendre la main sur la finance plutôt que lui confier la planète et notre avenir », octobre 2018


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Les financements nécessaires pour mettre en œuvre la transition énergétique mondiale, rendre l’économie mondiale soutenable et faire face aux conséquences des dérèglements climatiques sont colossaux. Ils sont généralement estimés dans une fourchette allant de 2 à 5% du PIB mondial, soit plusieurs milliers de milliards de dollars annuels. Estimation qui ne tient pas compte de l’ensemble des Objectifs du développement durable (ODD), adoptés par l’Assemblée générale des Nations-Unies en septembre 2015 : leur réalisation implique de débloquer d’importants financements additionnels pour des secteurs qui en sont faiblement dotés tels que l’accès à l’eau, la protection des populations et de l’environnement ou la santé. Ces besoins interviennent dans un contexte de disette budgétaire et de désengagement progressif des États qui se limitent souvent à renommer « climat » des financements historiquement dévolus à l’aide au développement.

La transition énergétique mondiale implique donc un transfert massif des investissements jusqu’ici orientés vers les secteurs industriels dépendant des énergies fossiles vers des secteurs climato-compatibles tels que les énergies renouvelables ou l’efficacité énergétique. Si l’on en croit les dernières données disponibles, le défi est de taille puisque les investissements dans les énergies renouvelables étaient en baisse de 23 % en 2016, tombant à 242 milliards d’euros, soit leur niveau de 2010. Tandis que les investissements dans les énergies fossiles, bien qu’en baisse également, représentaient encore 708 milliards de dollars en 2016, soit 42% de l’ensemble des investissements dans le secteur de l’énergie. En 2016, chaque fois que l’économie mondiale a investi un dollar dans les énergies renouvelables, trois dollars l’ont été dans les énergies fossiles.

L’un des principaux défis est donc d’utiliser les leviers politiques, économiques et financiers, qu’ils soient déjà disponibles ou qu’ils faillent les inventer, pour accélérer sans attendre une transition vers des investissements sobres en carbone. « Shifting the trillions » – déplacer les milliers de milliards de dollars – répondent en cœur les promoteurs de la « finance verte » qui explique que la création de nouveaux marchés et outils financiers verts vont permettre de relever ce défi.
Consulter le rapport « la finance verte est-elle vraiment verte ? »

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