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par Harribey Jean-Marie , Jean Tosti
La formule de l’écrivain italien Giuseppe Tomasi di Lampedusa « si nous voulons que tout reste pareil, il faut que tout change », dans son roman Le Guépard (1958), rendue célèbre par le film de Luchino Visconti, sera-t-elle la marque de l’alternative entre le monde d’avant la pandémie du coronavirus et le monde d’après ? Le risque est réel, car on voit bien les classes dominantes dans le monde et leurs représentants à la tête des États faire tout leur possible pour geler toute velléité de tirer les enseignements de la panne économique consécutive au confinement imposé pour endiguer la pandémie.
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Dossier : La transformation du système productif
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par Mireille Bruyère
La crise sanitaire actuelle a mis à jour notre forte dépendance industrielle vis-à-vis d’autre pays, en particulier la Chine. La désindustrialisation de l’économie française, mais aussi de toutes les économies occidentales, est un phénomène bien connu et assez ancien puisqu’il démarre dès la fin des années 1970. Entre 1980 et 2007, l’industrie française a perdu 1 913 500 emplois, soit 36 % de ses effectifs ; la part de l’industrie dans la valeur ajoutée est passée de 24 % à 14 % Lise Demmou, « Le recul de l’emploi industriel en France entre 1980 et 2007, Ampleur et principaux déterminants : un état des lieux », Économie et Statistique, 438‑440 (2010). Ainsi, l’incapacité de l’industrie française à produire rapidement des masques et des tests à grande échelle a fait prendre conscience de ce que constitue cette désindustrialisation en termes de perte d’autonomie productive.
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par El Mouhoub Mouhoud
Pour relocaliser l’économie il faudra bien tenir compte des logiques sectorielles et des stratégies des firmes, mais il ne faudra pas se contenter de verser de l’argent aux entreprises. Il faut réellement changer les règles du jeu au niveau français et européen. Il faut tenir compte des logiques sectorielles et de filières. Si les relocalisations dans l’industrie manufacturière sont amenées à se développer en Europe, les emplois de services, tant au cœur de l’industrie que dans les secteurs des services comme la Banque et les assurances, sont amenés à s’accélérer ne subissant aucun coût de transaction ni de transport.
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par Gabriel Colletis
La crise sanitaire, quoique mondiale, a révélé des différences frappantes et des clivages multiples d’une zone continentale à l’autre, d’un pays à un autre au sein d’une même zone, d’un territoire à l’autre. S’il n’entre pas dans la perspective de ce texte d’analyser ces différences, force est de constater que la France a payé, en nombre de décès, un très lourd tribut dont les raisons devront être analysées. Le souci de contenir et si possible de baisser les dépenses de santé est assurément une des causes essentielles du désastre que représente la perte, en France, de près de 30 000 vies. Mais l’absence de stocks de produits élémentaires en cas de pandémie (masques, tests de dépistage, gel hydroalcoolique, blouses mais aussi respirateurs) et l’incapacité de les produire dans un temps raisonnable ont également, à juste titre, été pointés du doigt.
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par Pierre Bonneau, Jean-Pierre Crémoux, Gilles Daré, Pascal Gassiot
Nous avions eu droit à une première alerte. Souvenez-vous, en avril 2010, le volcan islandais au nom imprononçable, l’Eyjafjallajökull, entrait en éruption et projetait dans le ciel un panache de cendres volcaniques. Devant la dangerosité potentielle de ce nuage et l’absence de normes IATA en ce domaine, un certain nombre de compagnies aériennes avaient très largement restreint leur trafic, provoquant ainsi, pour quelques jours, la plus longue interruption du trafic aérien de l’après-guerre avec 100 000 vols annulés dans onze pays européens, laissant au sol 10 millions de passagers et perturbant ou annulant de nombreux événements politiques, sportifs ou culturels. Et puis, nous sommes passés à autre chose en ne gardant comme souvenir que ces magnifiques ciels bleus au-dessus de Toulouse, vierges de toutes les traînées blanches liées à la condensation de la vapeur d’eau émise par les réacteurs.
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par Claude Serfati
Cet article analyse les mécanismes par lesquels la priorité absolue accordée à l’industrie d’armement a accéléré le délitement industriel et les suppressions d’emplois au cours des deux dernières décennies.
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par Thierry Pouch
L’omniprésence de la problématique environnementale dans l’espace public n’a pas épargné l’agriculture. À suivre pas à pas l’évolution de la Politique agricole commune (PAC), c’est bien à un processus d’écologisation de ce socle de la construction européenne que l’on assiste depuis les réformes amorcées au début des années 1990. Il répond en quelque sorte à une montée en puissance des exigences et des préoccupations sociétales en matière de mode de production des végétaux et de l’élevage, qui a conduit l’ancien Commissaire européen à l’agriculture, Dacián Ciolos, à considérer que la PAC devait répondre à ces attentes et les inscrire dans de nouvelles finalités.
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par Jacques Berthelot
La pandémie mondiale du COVID-19, qui n’est pas terminée, a affecté différemment tous les pays, sous l’angle sanitaire comme économique, mais suscite partout des visions profondément contrastées sur les politiques à mener lorsque ses aspects sanitaires auront été maitrisés. Au Nord comme au Sud, notamment en Afrique, s’affrontent les gagnants et les perdants du système capitaliste mondialisé.
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par Catherine Bloch-London, Christiane Marty
La crise actuelle met en lumière la contradiction qui existe entre, d’un côté l’apport essentiel de certains métiers pour le bien-être général et la satisfaction des besoins du quotidien, et, de l’autre, la faiblesse de leur rémunération et de leur reconnaissance au plan symbolique comme économique. Cette contradiction est particulièrement flagrante pour un ensemble de métiers très féminisés, même si elle concerne aussi certains métiers à dominante masculine comme les routiers, les chauffeurs de bus, les magasiniers…
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par Odile Merckling
Les femmes sont utilisées comme variable d’ajustement des entreprises et travaillent souvent à temps partiel en raison de contraintes familiales : difficultés d’articulation des temps de vie, pour la garde des enfants et l’accompagnement des parents dépendants… Les carrières discontinues sont une conséquence de toutes ces difficultés et du fait que le partage des tâches entre les hommes et les femmes dans la sphère privée évolue très peu depuis 30 ans.
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par Michel Thomas
La pandémie due au SRAS cov2 et l’explosion dans nos pays de formes graves de la Covid19 a mis en évidence de façon aiguë les ruptures d’approvisionnement de certaines des molécules les plus essentielles, en particulier dans les services de réanimation. Cette situation n’est pourtant pas nouvelle : depuis 2015, des vaccins pour protéger les enfants, comme le BCG, des spécialités de vaccins contre diphtérie, tétanos, coqueluche, polio avaient été en rupture. Depuis 2018, des pénuries de médicaments avaient été vécues et signalées : de 44 produits en 2008 à 868 en 2018.
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par Alexis Cukier
L’épidémie de Covid-19 a élargi le public du débat, en France, au sujet des causes de la crise écologique et de ses conséquences – dont font partie les zoonoses telles que les maladies à coronavirus – pour la santé des travailleurs et travailleuses et de l’ensemble de la population, ainsi que du caractère « essentiel » ou non du travail et des activités sociales de chacun.e, dans l’établissement de travail comme la sphère privée. [1] Il a permis aussi de constater que les travailleurs.ses en « première ligne » pendant l’épidémie, et particulièrement le confinement, étaient principalement des femmes, le plus souvent racisées, travaillant dans les professions – aides-soignantes et infirmières, femmes de ménage, caissières, etc. – parmi les plus précaires, les moins considérées et les plus mal payées.
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par Andreas Fisahn
L’arrêt de Karlsruhe sur les rachats d’obligations par la Banque centrale européenne met en évidence le problème central de l’Union européenne : les traités ne sont plus adaptés à la situation actuelle en matière de politique économique.
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par François Chesnais
Il faut commencer par un rappel théorique essentiel qui distingue une économie qui recoure au crédit de la façon la plus simple et une économie où l’accumulation financière s’installe et avec elle le pouvoir du capital rentier. Dans sa Théorie de l’évolution économique de 1912, le théoricien majeur du développement capitaliste, Schumpeter, pose la nécessité pour « l’entrepreneur » de pouvoir disposer d’un accès au crédit dans des conditions où l’établissement qui crée le crédit est à son service et où le succès de l’innovation lui permet d’éteindre toute obligation à son égard.
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par Eric Toussaint
Ce texte argumente en faveur d’actes unilatéraux souverains et de la désobéissance face aux traités et aux institutions européennes. Un État souverain peut légitimement suspendre le paiement de la dette et se mettre à l’auditer en vue de répudier la partie identifiée comme illégitime, un État souverain peut prendre des mesures unilatérales contre les paradis fiscaux et à l’encontre des banques, des entreprises en tout genre ou des personnes qui réalisent des transactions avec des paradis fiscaux.
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par Pierre Salama
La pandémie est un révélateur des dysfonctionnements d’un capitalisme débridé où les États cédaient de plus en plus la place au marché et à un de ses principaux acteurs, les firmes multinationales. Le Covid-19 et ses modes de gestion par les gouvernements provoquent une crise d’une ampleur inégalée dans le monde : partout la production chute, le chômage enfle, les revenus baissent, mais avec des différences notables selon les pays. Après avoir atteint les pays d’Extrême-Orient, puis l’Europe et plus tardivement les États-Unis, l’épidémie arrive dès à présent en Amérique latine et demain en Afrique.
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par Imen Habib
Le 11 juin 2020, la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) a rendu un avis qui était attendu depuis plus de 10 ans par les militant-e-s soutenant les droits humains en Israël/Palestine.
Elle a condamné la France pour avoir entravé la liberté d’expression des militant-e-s BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions) ayant appelé au boycott de produits israéliens. Cette violation de l’article 10 de la Convention européenne des droits de l’Homme contraint le gouvernement à verser dans les trois mois 7 380 euros à chaque requérant (dommages matériel et moral) et 20 000 euros à eux tous pour rembourser les frais de justice.
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par Thomas Coutrot
Comme beaucoup d’autres essais parus en février et mars 2020, le livre de Jean-Marie Harribey, Le trou noir du capitalisme. Pour ne pas y être aspiré, réhabiliter le travail, instituer les communs et socialiser la monnaie, Lormont, Le Bord de l’eau 2020., aurait pu tomber dans le trou noir de la pandémie. Cet événement qui bouleverse tout aurait pu déprécier immédiatement un ouvrage d’économie politique rédigé dans son ignorance. Il n’en est rien, il suffit pour s’en convaincre d’évoquer la « rêverie autour d’un nouveau principe constitutionnel » qui inaugure la deuxième partie, propositionnelle, de l’ouvrage : « tous les services répondant à des besoins fondamentaux sont déclarés inaliénables et mis hors marché afin d’en permettre l’accès à tous les citoyens : éducation, culture, santé, eau, énergie, logement social, transports collectifs... ».
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par Harribey Jean-Marie
Je remercie vivement Thomas Coutrot pour la lecture qu’il a faite de mon livre et d’avoir centré son propos sur un point clé de celui-ci : la réhabilitation du travail (chapitre 4), dont je répète le lien avec les deux autres voies explorées, l’institution des communs et la socialisation de la monnaie, une sorte de programme polanyien. Je poursuis la discussion avec Thomas Coutrot sur deux points.
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par Gustave Massiah
Les pandémies et le climat occupent le devant de la scène. Ce n’est pas la première fois qu’ils s’invitent dans l’Histoire. Dans un livre excellent Comment l’empire romain s’est effondré éditions La Découverte 2019 (version française de The Fate of Rome, Princeton University Press, 2017) Kyle Harper discute de leur rôle dans la chute de l’empire romain occidental et montre comment ils ont révélé la perte de résilience de Rome. À partir de cet exemple, nous nous livrons à des libres réflexions dans ces temps incertains. Ce qui nous amène à réfléchir sur la perte de résilience et la chute de l’empire américain ainsi qu’au déplacement du centre du monde et à la montée de l’Asie. Et aussi à considérer que nous vivons actuellement une crise de civilisation qui sera longue. Elle inscrit dans l’horizon le dépassement du capitalisme, le mode de production qui lui succédera n’est pas déterminé et pourrait aussi être inégalitaire. Cette crise nous conduit à revenir sur la compréhension des transitions entre civilisations et à resituer l’effondrement, qui n’est pas la fin de l’Histoire, comme un passage vers l’émergence de nouvelles civilisations.
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par Jacques Cossart
Parfois, souvent peut-être, il faut choisir comme vont devoir le faire les électeurs états-uniens. On sait l’attachement de Monsieur Trump au multilatéralisme ! On sait aussi combien le capitalisme international a su préserver l’essentiel dans la gouvernance mondiale mise en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; les États-Unis et l’Europe occidentale s’attribuèrent un précieux droit de veto au Conseil de sécurité des Nations unies et convinrent in petto que la direction générale du Fonds monétaire international serait désignée par un gouvernement européen, tandis que la présidence de la Banque mondiale reviendrait aux États-Unis.
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par Denise Comanne
Cette année nous commémorerons le 10e anniversaire du décès de Denise Comanne survenu le 28 mai 2010 ainsi que le trentième anniversaire de la création du CADTM en mars 1990.
Nous republions cet article de Denise Comanne, 15 ans après sa publication en 2005. Dans cet article Denise Comanne, qui avait contribué à fonder le CADTM en 1990, critique la notion de développement promue par les institutions internationales comme la Banque mondiale et le FMI.
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À l’attention des lecteurs, note sur le statut de la revue Les Possibles
La revue Les Possibles a maintenant sept ans d’âge et sa diffusion progresse régulièrement. Nous rappelons qu’elle fut créée à l’initiative du Conseil scientifique d’Attac pour être un lieu de débat théorique sur la nécessaire transformation de la société, aujourd’hui minée par le capitalisme néolibéral. Dès lors, ouverte à toutes les personnes qui s’inscrivent dans cette perspective, elle est indépendante de l’association Attac, le contenu des articles est de la responsabilité de leurs auteurs et n’engage pas l’association. La diversité des sujets, des auteurs et des disciplines témoigne de la volonté de garantir le pluralisme des idées. Le choix des thèmes et le respect des règles du débat scientifique et démocratique sont assurés par un comité éditorial dont la composition figure à la fin du sommaire.
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