Disons-le sans fard, l’acceptation par le gouvernement Tsipras d’un nouveau mémorandum constitue une défaite politique majeure, non seulement pour Syriza, qui a immédiatement explosé, mais surtout pour le peuple grec et pour tous les peuples d’Europe. « Les propositions de l’Eurogroupe sont de la folie. Cela va au-delà de la sévérité, vers l’envie de vengeance, la destruction totale de la souveraineté nationale et aucun espoir de soulagement (…) c’est une trahison grotesque de tout ce que le projet européen était censé représenter ». C’est ainsi que le « prix Nobel d’économie » Paul Krugman a qualifié « l’accord » du 13 juillet. Alors que Syriza s’était engagé à restaurer la souveraineté populaire et en finir avec les politiques néolibérales, il a accepté des mesures d’austérité d’une violence inouïe et la mise sous tutelle du pays. Comprendre ce qui s’est passé, évaluer les possibilités d’autres chemins, en tirer les leçons pour l’avenir est une nécessité absolue sous peine de faire une croix définitive sur la possibilité d’une alternative au néolibéralisme en Europe et de laisser la voie libre aux forces d’extrême droite. Cela suppose d’abord de ne pas reprendre l’antienne de la trahison de Tsipras, car ce n’est pas de trahison qu’il s’agit, mais de stratégie.