Jean Tirole a publié, dans Les Échos du 7 décembre 2014, une tribune intitulée « L’éthique et le marché », où il feint de s’interroger sur les limites morales du marché, mais d’une tout autre manière que celle d’Adam Smith dans sa Théorie des sentiments moraux. À partir du constat que « les spécialistes des autres sciences sociales (philosophes, psychologues, sociologues, juristes et politistes…), une grande partie de la société civile, et la plupart des religions » (ce qui fait effectivement beaucoup de monde) ont une vision critique du marché sur la base de jugements moraux, il cherche à montrer que ces réticences sont principalement dues à une mauvaise connaissance des travaux récents des économistes. Et il voit dans le « succès planétaire » du livre de Michael Sandel, Ce que l’argent ne saurait acheter : les limites morales du marché, le « symptôme de cette perception », qui donne un rôle primordial à nos indignations.