La reconquête de la propriété constitue probablement l’un des principaux enjeux pour l’avenir du mouvement des communs. Telle est la position que j’aimerais défendre ici. Communs et propriété sont intimement liés. Le renouveau du thème des communs dans la littérature comme la montée croissante des initiatives citoyennes1 s’inscrivent en grande partie en réaction à l’extraordinaire montée en puissance de la propriété privée et exclusive dans de nombreux domaines et territoires : extension de la propriété privée et exclusive à des domaines jusque-là organisés selon des principes d’ouverture et de libre accès (la connaissance, la recherche fondamentale), entrée de la propriété intellectuelle selon des normes renforcées dans les accords de commerce mondial et creusement des inégalités d’accès aux biens essentiels, processus massif d’accaparement des terres et des mers, détournement de la propriété publique au profit d’un mouvement grandissant de privatisation et de ventes des biens et des services publics par les États.