Dans la pensée d’Aristote, la corruption a d’abord un sens métaphysique : une mutation qui fait perdre à un être sa substance, ou son essence. La corruption fait donc qu’un être cesse d’être ce qui le définit. D’un point de vue physique, la corruption s’oppose à la génération, comme ce qui produit la mort s’oppose à ce qui produit la vie. Un cadavre est, par excellence, une métaphore de la corruption : sous une apparence similaire à celle du vivant, se cache ce qui en est le contraire et va se dévoiler, précisément, par la décomposition. Il y a donc une dimension parfaitement insidieuse de la corruption, qui ronge progressivement et subrepticement l’essence même de ce qu’on pouvait définir jusque-là comme « un », tout en en maintenant un certain temps les apparences.