Avant d’arriver à l’économie et à la philosophie de Keynes (nous avons déjà une petite idée de sa Weltanschaung), il nous faut prendre un second sentier détourné. Le premier passait par Virginia Woolf et ses amis, le second passe par le docteur Freud.
Ignorer Freud en économie – et particulièrement dans l’oeuvre de Keynes, grand lecteur et admirateur de Freud – est à peu près équivalent à ignorer Einstein en physique. C’est peut-être difficile à croire, mais l’économie orthodoxe voulut créer une science ignorant l’argent. Ainsi la théorie quantitative de la monnaie, pilier de l’économie orthodoxe, est une théorie de la « neutralité » de la monnaie. La monnaie n’a pas d’incidence sur l’économie. L’économie orthodoxe postule également la rationalité des individus : ce sont de simples considérations de coût-avantages qui en guident les décisions.