Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont annoncé ce mardi « une proposition commune de taxe sur les transactions financières afin de contribuer à la réflexion engagée par la Commission européenne ». Que tous les responsables politiques reprennent une proposition que nous portons depuis 12 ans représente une victoire des idées d’Attac ; mais depuis deux ans les effets d’annonce se sont multipliés sans déboucher sur autre chose que des « propositions » et des « réflexions ». Or cette taxe doit être appliquée le plus vite possible, avec tous les pays volontaires, sans attendre une hypothétique acceptation de tous.
Il suffit par ailleurs d’examiner les modalités envisagées pour la mise en place de cette taxe pour constater que le compte n’y est pas. Pour contrer réellement la spéculation et mettre à contribution la finance, il faudrait appliquer une taxe d’au moins 0,1% sur l’ensemble des transactions financières et bien entendu la rendre obligatoire. Si le produit n’est utilisé que pour renflouer les déficits et sauver une nouvelle fois les banques sans contrepartie, l’efficacité sera nulle : le produit doit aller vers des services et investissements publics, pour un meilleur partage des richesses et une reconversion écologique des économies européennes.
Sarkozy et Merkel préfèrent disserter vaguement sur la taxe Tobin, pour mieux faire passer le rouleau compresseur de l’austérité, avec son lot de politiques injustes. Les dettes publiques et la crise de l’euro, loin de résulter d’un excès de dépenses, ne proviennent-elles pas de la crise financière et des cadeaux fiscaux consentis depuis vingt ans aux privilégiés ? Sarkozy et Merkel jouent les modèles de vertu alors qu’ils sont totalement responsables de la situation. Ils scellent aujourd’hui une véritable déclaration de guerre contre les populations, pour forcer tous les États-membres de la zone euro à introduire dans leurs Constitutions la « règle d’or » - autrement dit un véritable carcan budgétaire. La menace pèse sur les droits sociaux et sur les services publics. C’est aussi une menace contre la démocratie : telles réformes constitutionnelles imposées par les marchés financiers signifient un nouveau recul de la souveraineté populaire en Europe, dans la droite ligne de la nouvelle « gouvernance économique » européenne, renforçant les pouvoirs de la Commission européenne pour imposer les diktats des marchés aux États. Pour Attac France, ces politiques n’ont qu’un objectif : profiter de la crise de la dette pour détruire l’État social en Europe. Les urgences sociales et écologiques sont sacrifiées à l’appétit insatiable des marchés financiers. A contre-pied de ces politiques injustes et irresponsables, il faut faire payer le coût de la crise aux hauts revenus ainsi qu’aux marchés financiers, à travers la mise en oeuvre d’une politique fiscale fortement redistributive et d’une régulation draconnienne des marchés financiers. Afin de déterminer les origines de la dette publique en France et d’en dénoncer la partie illégitime, Attac France propose à tous ses partenaires la mise en place d’un comité unitaire pour l’audit de la dette française, et appelle à s’opposer avec la plus grande vigueur aux politiques annoncées. Nous répondrons à l’appel des Indignés espagnols le 15 octobre. Nous mobiliserons en novembre, avec tous nos partenaires internationaux, contre le G20 de Nice, pour que la crise soit payée par la finance et pas par les citoyens. Attac France, Paris, le 17 août 2011