Pour une véritable taxe Tobin

vendredi 18 septembre 2009, par Attac France

La profondeur de la crise qui s’est abattue sur le monde il y a deux ans est telle que de nombreux thuriféraires de la dérégulation et de la financiarisation hier font assaut d’imagination aujourd’hui pour colmater les brèches qu’ils ont eux-mêmes ouvertes. La volte-face des gouvernements français, allemand et britannique en très peu de temps illustre l’impasse dans laquelle sont enfermées les politiques néolibérales. Ainsi, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, propose une « contribution volontaire sur les transactions financières au service du développement ». Est-ce bien sérieux ? D’une part, le caractère volontaire qu’aurait une telle taxe rappelle étrangement la foi en la capacité des banques et des institutions financières à s’auto-réguler, la foi dans les mécanismes spontanés du marché à produire de la stabilité financière et de l’harmonie sociale. D’autre part, le taux minuscule qui serait appliqué aux transactions financières (0,005 %, soit cinq cent millièmes) est de nature à « rassurer les financiers », comme le dit M. Kouchner. En réalité, les pays les plus puissants de l’Union européenne veulent arriver au sommet du G20 à Pittsburgh en affichant une proposition qu’ils savent inapplicable : l’obstruction des États-Unis devant une quelconque limitation des transactions est connue, et toutes les institutions européennes, auxquelles ils participent pleinement, refusent d’instaurer une taxe digne de ce nom. Dans ces conditions, Attac, dont de nombreux représentants des pays européens sont réunis ce week-end à Paris, réaffirme que :
-  un contrôle strict des mouvements des capitaux est indispensable pour mettre un terme à l’instabilité et à la spéculation financières ;
-  une taxe de type Tobin doit être appliquée à toutes les transactions financières d’un taux suffisant (Tobin lui-même la proposait de 0,5 à 1 %), en prévoyant la possibilité de l’augmenter très fortement pour tuer dans l’œuf tout mouvement spéculatif naissant ;
-  cette taxe serait d’autant plus efficace qu’elle serait appliquée au niveau mondial, mais, d’ores et déjà, l’échelon de l’Union européenne serait parfaitement opérationnel, compte tenu du degré d’intégration des économies et de la place qu’occupe l’Union dans le monde ;
-  cette taxe devrait s’inscrire dans un ensemble de mesures cohérentes susceptibles de réduire l’emprise de la finance sur les sociétés : suppression des paradis fiscaux, limitation des revenus financiers, suppression des bonus, mise en place d’un pôle public du crédit contrôlé démocratiquement ;
-  enfin, vouloir aider les pays pauvres à se développer, c’est bien, leur laisser la possibilité de maîtriser ce développement serait mieux : souveraineté alimentaire, annulation de la dette publique, arrêt immédiat de tous les plans d’ajustement structurel, redistribution des richesses, libre circulation des connaissances et des techniques pour sortir de la crise, notamment écologique, sont des conditions absolument nécessaires. Attac France, Montreuil, le 18 septembre 2009

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