De Nagoya à Cancun, halte à la privatisation des biens communs

samedi 23 octobre 2010, par Attac France

La dixième conférence de l’ONU relative à la Convention sur la biodiversité qui s’ouvre aujourd’hui à Nagoya (Japon), s’apprête à consacrer la privatisation et la financiarisation de la diversité biologique. Après le climat, c’est un pas de plus vers la marchandisation complète du vivant et de la nature.

  La finance aux avants-postes

spip.php ?action=acceder_document&arg=7600&cle=450ac18b9c7f56d1147781e4bc3ae9702b1225e3&file=jpg%2Fplanete.jpgDe nombreux rapports attestent l’effondrement de la diversité biologique : l’indice planète vivante (IPV) montre une diminution des espèces de 30% entre 1970 et 2007. Au point que les entreprises des secteurs pharmaceutique, agro-industriel ou touristique s’inquiètent de perdre la matière première de leurs profits : les ressources génétiques. Or les travaux de la conférence de Nagoya s’appuieront sur le rapport « Économie des écosystèmes et de la biodiversité » piloté par Pavan Sukhdev, qui préconise, pour « sauver » la biodiversité, l’évaluation des « services environnementaux » rendus par la nature et la fixation d’un prix permettant de les gérer avec des « financements innovants ». Ces financements seraient fondés sur l’idée de compensation, sur le modèle des banques de compensation, comme il en existe déjà plus de 400 aux États-unis : les entreprises qui détruisent de la biodiversité achètent des crédits à des banques qui gèrent des actifs obtenus par des activités de conservation d’espèces ou d’écosystèmes. En France, la Caisse des dépôts et consignations a créé une filiale, CDC Biodiversité, qui fournit des crédits à des maîtres d’ouvrage dont les activités érodent l’environnement. Le marché des crédits devrait s’alimenter du « Mécanisme de développement vert » : des investissements dans les pays du Sud (où est concentrée la part la plus importante de la biodiversité) permettraient de gagner des crédits échangeables par l’intermédiaire des banques de compensation. Brevetée, privatisée, réduite à la fourniture de services écologiques, la biodiversité est livrée à la finance privée, au mépris de la complexité des écosystèmes : contrairement aux lois économiques de l’équivalence monétaire, il est impossible de remplacer la destruction en un lieu par des zones « protégées » ailleurs.

  La biodiversité est un bien commun

La mise en place de mécanismes de marché, déjà largement expérimentés avec la lutte contre les effets du changement climatique, s’accélère. À Cancun, en décembre 2010, les forêts primaires, par le mécanisme REDD (Réduction des émissions dues à la déforestation et à la dégradation forestière), devraient entrer dans la finance carbone. La marchandisation de la nature est toujours justifiée par la nécessité de trouver des financements pour sa sauvegarde. C’est pourquoi, au lieu de ces financements dont l’inefficacité et la dangerosité sont déjà attestées par les dérives de la finance carbone, il est nécessaire d’assurer un financement public mondial, alimenté par des taxes globales notamment, pour la lutte contre le changement climatique comme pour la sauvegarde de la biodiversité. Toutefois, aucun financement ne pourra se substituer à la diminution de l’empreinte écologique des pays industriels qui atteint une moyenne de 5,5 hectares par habitant, alors que celle des BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) est de 2 hectares/ht et celle des 53 pays de l’Union africaine de 1,7 en moyenne (Selon le rapport 2010 du WWF ), cette dernière étant à peu près la norme mondiale qu’il ne faudrait pas dépasser. Attac s’associe aux nombreux mouvements sociaux et écologistes qui s’opposent à cette marchandisation de la nature, car celle-ci prive les populations de l’accès à des ressources communes, favorise la biopiraterie, spolie les savoirs et les ressources biologiques et empêche la transition vers des systèmes justes et écologiquement soutenables.

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