En automne 2004, l’employée d’une entreprise de sécurité a, pour le compte de Nestlé, espionné le groupe de travail d’Attac Suisse chargé de la rédaction d’un ouvrage critique contre la multinationale de l’agro-alimentaire, intitulé Attac contre l’empire Nestlé . Elle a ainsi rédigé de nombreux rapports sur les réunions du groupe et établi des profils détaillés des rédacteurs. Portée en justice il y a deux ans et demi, l’affaire a été classée au pénal ; la violation de la vie privée, constatée par le Tribunal, tombant sous le coup de la prescription. L’affaire est portée aujourd’hui devant la Cour civile de Lausanne. A l’heure où s’ouvre en Suisse le Forum économique mondial de Davos, où les dirigeants des plus grandes entreprises rencontrent et discutent de l’agenda politique et économique mondial avec les 40 chefs d’État et de gouvernements qui ont fait le déplacement, cette affaire est un symbole. C’est le symbole d’une époque où les entreprises multinationales ne reculent devant rien pour défendre leurs intérêts contre ceux des 99% de la population qui subissent le recul de leurs droits sociaux et démocratiques. Depuis l’influence, voire parfois la corruption des hommes politiques, jusqu’à la surveillance de mouvements citoyens via des pratiques illégales. Le jugement rendu par la Cour de Lausanne se doit en effet d’être exemplaire : c’est la liberté d’expression qui est en jeu, mais pas seulement.« Si des entreprises réalisant des milliards de bénéfice peuvent ainsi nous surveiller, cela veut dire que des siècles de luttes citoyennes ne comptent pour rien. Cela signifie pour moi un échec personnel », a ainsi expliqué l’écrivain et militante Susan George, présidente d’honneur d’Attac. Attac France, le 25 janvier 2012