Bolkenstein-sur-mer

Le 16 janvier, une grève des dockers des 100 plus grands ports européens, regroupant 40 000 salariés, a été massivement suivie. L’objectif était de s’opposer au vote de la directive européenne Palacio/Barrot, qui légalise l’auto-assistance et permet aux armateurs de se passer des dockers, au profit de personnels sous-payés. Cette lutte soulève un problème plus vaste : la casse des métiers de la filière portuaire. à Strasbourg, la manifestation européenne a réuni plus de 6 000 salariés et a subi la violence policière. Lundi 16 janvier, la grève des dockers a perturbé l’activité de nombreux ports européens. Le même jour, certains dockers ont manifesté devant le Parlement européen de Strasbourg, contre la directive de libéralisation des services portuaires. Car le secteur maritime est un enjeu majeur pour les multinationales. Pour cela, l’Organisation mondiale du commerce (OMC), la Commission européenne et nos gouvernements multiplient les mesures afin de casser les statuts protecteurs des métiers liés aux ports. L’offensive ultralibérale a démarré au début des années 1980, dans tous les ports européens, avec des résultats désastreux. Il ne reste que 9 300 marins en France - cinq fois moins qu’en 1970 - avec un trafic décuplé. Les pavillons de complaisance prolifèrent. Dumping social à la clé. Les dockers ont vu leur statut cassé par deux ministres de la Mer socialistes. En 1993, le secteur a dû concéder la mensualisation et les licenciements massifs après plus d’un an de lutte. La situation dans le port du Havre illustre l’ampleur de l’attaque. La compagnie de remorquage Les Abeilles vient de voir débarquer un concurrent hollandais. Les prix vont être tirés vers le bas, les conditions de travail, la sécurité et les effectifs aussi. Aussi, les lamaneurs [ 1 ], organisés en coopérative ouvrière, ont tout à craindre. Mais, en attendant, Port 2000 (grand projet financé par l’État au profit des armements privés) doit ouvrir, et le conflit des portiqueurs [ 2 n’est pas résolu. Les personnels du Port autonome du Havre (PAH) refusent de quitter ce statut pour signer des contrats privés avec les armateurs qui font pression en détournant leurs navires vers d’autres ports. La conséquence est une baisse du travail pour les dockers et des risques de licenciements. Les armateurs jouent alors la division, en proposant aux syndicats des dockers de former des portiqueurs en leur sein. Or, le syndicat des dockers et celui du PAH appartiennent à la fédération nationale CGT des ports et docks. Verra-t-on les dockers casser la grève des portiqueurs ? C’est le risque, quand on connaît la direction syndicale des dockers du Havre, dont les pratiques sont aux antipodes d’un syndicat de lutte de classe. Face à cette offensive et au risque de division, l’unité la plus large est nécessaire. Il faut, dès lors, travailler à l’organisation d’un mouvement de grande ampleur de toutes les professions de la filière maritime, seul susceptible de freiner les appétits des grands armateurs mondiaux. Wilfrid Pasquet

 

Notes

1 Personnel chargé de l’amarrage des navires. 2 Conducteurs des grues déchargeant les conteneurs.

J’agis avec Attac !

Je m’informe

Je passe à l’Attac !

En remplissant ce formulaire vous pourrez être inscrit à notre liste de diffusion. Vous pourrez à tout moment vous désabonner en cliquant sur le lien de désinscription présent en fin des courriels envoyés. Ces données ne seront pas redonnées à des tiers. En cas de question ou de demande, vous pouvez nous contacter : attacfr@attac.org