L’exécutif a voulu passer en force, après le recours à la procédure accélérée (47-1) et au vote bloqué (44-3), deux instruments qui ont mutilé le débat parlementaire. Il sait pertinemment que le recours à l’outil anti-démocratique du 49-3 va provoquer la colère populaire et un regain de la mobilisation, mais il fait le pari qu’il parviendra à faire appliquer sa réforme envers et contre tout.
Nous devons lui donner tort. Nous avons déjà gagné plusieurs batailles : il est temps d’infliger une défaite sévère et définitive à ce pouvoir droit dans ses bottes, plus que jamais à court d’arguments pour justifier sa politique au service des plus riches. Et dont l’intransigeance ne fait que renforcer l’extrême droite.
Le recours au 49-3 ne doit pas signer la fin de la mobilisation. Le combat est loin d’être terminé : l’histoire l’a montré, à l’instar de la réforme Juppé ou du CPE qui n’ont pas été appliqués. Le projet devenu loi est impopulaire et illégitime : il ne doit pas être promulgué ni entrer en application. Si l’exécutif et sa majorité sont bornés, nous sommes déterminé·es !
Nous avons d’ores et déjà gagné plusieurs batailles :
- Celle de l’opinion puisque 72% de la population et même 93% des personnes actives sont opposées à ce projet selon les dernières enquêtes d’opinion ;
- Celle du nombre puisque ce mouvement est d’une ampleur inédite et a tenu dans la durée : 8 journées de manifestation dont une, celle du 7 mars, atteignant un pic de 3,5 millions de manifestant·es ;
- Celle de l’unité, intersyndicale mais pas seulement puisque les associations, à l’instar d’Attac ou de nos partenaires au sein de l’Alliance écologique et sociale (AES), ont animé les cortèges et les débats ces derniers mois ;
- Celle des convergences puisque les mouvements écologistes sont présents dans les cortèges depuis le début et ont aidé à développer un argumentaire permettant d’attaquer le gouvernement sur le terrain du caractère productiviste du projet en complément de la dimension féministe, Les Rosies en proue, qui a obligé l’exécutif à reconnaître que les femmes en seraient les grandes perdantes et a fait de ce 8 mars 2023 une journée historique ;
- Celle de la complémentarité puisque le mouvement se transforme et ne se résume plus aux journées de grève et aux manifestations : les blocages, les piquets de grève et les occupations s’installent, la pétition intersyndicale a dépassé le million de signatures, des AG ont lieu, les tribunes ont été nombreuses ;
- Celle des alternatives puisque nous avons démontré que l’argent existait pour combler le déficit prévu des caisses de retraite et même pour se permettre la retraite à 60 ans !
Le gouvernement s’obstine mais n’a jamais eu la légitimité pour faire passer cette réforme, il n’a pas été élu pour cela : répondons présent·es dans la rue, sur les places, les lieux de travail, sur les réseaux... Soutenons ! Bloquons ! Résistons !