Référendum sur les finances publiques : et si on posait les vraies questions ?

lundi 5 mai 2025, par Attac France

Dans une interview accordée au Journal du dimanche, François Bayrou s’est déclaré en faveur d’un référendum afin de faire adopter un « plan d’ensemble » du budget de l’État pour réduire les déficits publics et la dette publique. Au-delà du choix de réserver cette annonce à un journal d’extrême droite qui appartient au système Bolloré, cette proposition pose un problème démocratique : elle tronque le débat en se focalisant sur l’objectif de rigueur budgétaire du gouvernement.

Attac met le Premier ministre au défi d’organiser un véritable référendum qui mettrait toutes les propositions en débat, notamment celle du partage des richesses par la remise en cause des cadeaux fiscaux faits aux ultrariches et aux multinationales.

La proposition de référendum formulée par François Bayrou est biaisée et orientée en faveur de la politique d’’austérité souhaitée par le gouvernement. D’emblée, son périmètre serait circonscrit, puisque la limite posée par le Premier ministre dans son interview est de ne pas augmenter les impôts.

Depuis 2018, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse de marteler le dogme selon lequel il faut éviter d’augmenter les impôts. Le discours feint de concerner l’ensemble de la population, alors qu’il s’agit en réalité de refuser le rééquilibrage du système fiscal par l’augmentation des impôts sur les plus riches et les plus grandes entreprises, pourtant les principaux bénéficiaires de la politique fiscale engagée fin 2017.

Ces choix se sont avérés inefficaces, comme en témoignent les quatre rapports de France stratégie sur le sujet. Ils ont en outre été particulièrement coûteux : depuis 2017, les mesures prises en faveur des riches et des grandes entreprises ont alourdi la dette publique de 207 milliards d’euros, soit près d’un quart de l’augmentation de la dette sur cette période, comme nous l’avons montré dans notre dernier rapport. A entendre François Bayrou, il faudrait donc que le coût de ces baisses soient payés par les ménages des classes moyennes et pauvres et par les PME.

Il n’est pas sérieusement concevable de prétendre demander l’avis de la population sur un sujet qui, mécaniquement, touche aux recettes et aux dépenses publiques en excluant d’emblée et unilatéralement un des deux grands piliers des finances publiques, les recettes !

La proposition de François Bayrou vise à répondre aux deux principaux défis auquel le pays ferait face : « une production trop faible et une dette écrasante ». Cette présentation est tout sauf neutre : elle oriente le débat en faveur de mesures visant à faire travailler plus et plus longtemps, et s’inscrit dans le contexte d’attaques répétées contre les retraites et pour augmenter le temps de travail. Sur le fond, il est confondant de ne pas évoquer, parmi les défis actuels, des tensions internationales et des conflits qui se généralisent ou encore les défis climatiques et environnementaux.

Par un tel référendum, le Premier ministre voudrait forcer l’adhésion d’une partie de la population et offrir un vernis de légitimité démocratique à une politique d’austérité injuste et injustifiée. Cette initiative est vouée à l’échec. Ce d’autant plus qu’à ce stade, la proposition d’un référendum reste la prérogative du président de la République et que la mécanique budgétaire étant ce qu’elle est, le projet de loi de finances pour 2026 est déjà avancé.

Attac s’est exprimée à de nombreuses reprises sur la dette publique, les politiques fiscales et les enjeux auxquels les populations font face. Notre association met donc le premier ministre au défi d’organiser un véritable référendum qui mettrait toutes les propositions en débat, notamment celle du partage des richesses par la remise en cause des cadeaux fiscaux faits aux ultrariches et aux multinationales.

Outre qu’une telle consultation aurait le mérite de s’inscrire dans la suite des cahiers de doléance rédigés dans la suite du mouvement des Gilets jaunes, dont le Premier Ministre feint d’ignorer le contenu, elle serait l’occasion de montrer en quoi toutes les mesures prises en matière de finances publiques relèvent de choix politiques.

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