Palestine : il est urgent de s’engager contre la colonisation et l’apartheid

jeudi 4 mai 2023, par Attac France

Alors qu’était examinée ce jour une proposition de résolution condamnant « l’institutionnalisation par l’État d’Israël d’un régime d’apartheid » à l’Assemblée nationale, nous revenons sur les différents aspects de la répression systématique contre les Palestiniens qui s’intensifie depuis des années.

Le gouvernement israélien le plus à l’extrême-droite de l’histoire du pays est au pouvoir, avec des suprémacistes nationalistes religieux aux propos génocidaires. L’un d’eux, le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, a obtenu l’autorisation de former une garde nationale à ses ordres, autrement dit une milice. Il est vrai que la nature coloniale et discriminante de l’État israélien est en permanence réaffirmée en fait ou en droit, comme au niveau légal elle l’avait été avec l’adoption de la loi sur l’État-nation en 2018.

Depuis le début 2023, 98 Palestiniens ont été tués, et 14 Israéliens (dont 13 colons en Cisjordanie dans les territoires palestiniens occupés). La colonisation ne cesse de voler davantage de terres aux Palestiniens en Cisjordanie. Certes, à Jérusalem, la résistance à la colonisation du quartier de Sheikh Jarrah a obtenu un sursis bienvenu, mais l’annexion continue cependant à Jérusalem Est et dans de nombreuses autres régions de Cisjordanie.

La bande de Gaza, elle, est toujours sous blocus (israélien et égyptien) depuis 2007 et les 2 millions de Gazaouis se trouvent dans une prison à ciel ouvert, et souffrent d’un manque d’accès à toutes les denrées de bases (eau, électricité, fioul, médicaments, soins médicaux etc).

Des centaines de Palestiniens sont victimes d’arrestations et détentions politiques et arbitraires (appelées « détentions administratives ») par l’armée israélienne. Des enfants et adolescents, une employée espagnole d’une organisation humanitaire et l’avocat franco-palestinien Salah Hammouri ont également été les cibles de telles arrestations.

D’hier à aujourd’hui, du massacre de Deir Yassin en 1948 et la destruction de 350 villages palestiniens, au pogrom de Huwara et l’expulsion des communautés de Masafer Yatta cette année, la continuité de la domination coloniale reste le point d’achoppement d’une paix juste et durable.

Ces dernières années des organisations des droits humains israéliennes, internationales, y compris Amnesty International et Human Rights Watch, ainsi que des experts de l’ONU ont reconnu ce que les Palestiniens affirment depuis longtemps : les politiques d’Israël vont au-delà de l’occupation militaire et constituent un crime contre l’humanité d’apartheid, tel que défini en droit international.

Malgré les appels répétés à l’action, 75 ans de déplacement forcé et dépossession du peuple Palestinien et la violence de la colonisation qui ne fait que s’intensifier, la France continue d’être au mieux passive, et au pire complice. Certes la France a une position de principe et, sur le papier, respectueuse du droit international, qui consiste à soutenir une solution à deux États sur la base des frontières de 1967, et à condamner la poursuite de la colonisation qui va à l’encontre des résolutions de l’ONU, ainsi que les violences contre les civils.

Mais ces déclarations et éléments de langages sont vides de toute action et volonté politique de prendre ses responsabilités pour faire respecter ces principes, sans jamais soutenir les nouvelles initiatives de droit international en faveur du peuple palestinien. Ainsi, la France ne soutient pas la reconnaissance d’un État palestinien et ne reconnait pas la situation telle qu’elle est : une situation d’apartheid. La racine de la complaisance de l’État français, outre le sentiment de culpabilité pour sa responsabilité dans la destruction des juifs d’Europe, est peut-être à chercher dans son histoire de puissance coloniale.

La France continue d’exporter de l’armement militaire à Israël, et de faire fleurir les projets de coopérations économiques et technologiques avec des entreprises israéliennes. La France s’abstient lors de votes clés dans les mécanismes de l’ONU pour mettre Israël face à ses responsabilités dans ses violations répétées du droit international.

La France continue d’accueillir librement sur son sol des dirigeants du régime Israélien responsables de crimes de guerre et crime contre l’humanité. Le Ministère de l’intérieur se fait également l’écho des campagnes de diffamation contre l’avocat franco-Palestinien Salah Hammouri alors même que le ministère des affaires étrangères a toujours répété souhaiter sa libération et confirmé l’absence de preuves dans ses condamnations par une cour militaire israélienne.

Aujourd’hui, plusieurs groupes français, comme Carrefour, ont des intérêts commerciaux dans les colonies israéliennes, ou financent la colonisation, comme BNP ou AXA. Les autorités françaises manquent à leur devoir de faire respecter le devoir de vigilance des entreprises. La France contourne le jugement rendu par la Cour européenne des droits de l’homme qui a condamné la France pour avoir criminalisé les appels à boycotter les produits israéliens présents sur le marché français.

Certes, la France a condamné la désignation infondée, injuste et purement politique, de six organisations palestiniennes de défense des droits humains comme organisations terroristes par Israël en 2021, mais elle n’utilise aucun levier à sa disposition pour sanctionner la criminalisation par Israël de toutes les activités de la société civile Palestinienne.

Une autre politique est possible. La mairie de Barcelone, en février, et la mairie de Liège en avril, ont annoncé qu’elle coupent leurs liens avec Israël et ses institutions, « jusqu’à ce que les autorités israéliennes mettent fin au système de violations des droits de l’homme des Palestiniens ». Des entreprises et fonds de pensions en Norvège ont désinvesti des entreprises israéliennes ; le parlement irlandais et le gouvernement luxembourgeois ont reconnu l’annexion de facto de la Cisjordanie.

Nous soutenons donc l’appel lancé aux mouvements sociaux et syndicats à continuer ou recommencer à inclure le soutien à la Palestine dans les luttes sociales, en solidarité, pour la justice et contre toutes les formes d’oppression.

Attac et de nombreuses autres organisations sont déjà signataires de l’appel au boycott, désinvestissement, sanctions (BDS) : il est possible de faire vivre activement ces campagnes BDS, en demandant par exemple, de l’extérieur ou de l’intérieur au niveau syndical, aux entreprises concernées de désinvestir et se retirer d’Israël tant que l’apartheid persiste. On peut aussi créer des « zones libres d’apartheid » près de chez nous. En attendant que les autorités prennent également leurs responsabilités, pour commencer en cessant l’exportation d’armes et reconnaissant la situation d’apartheid.

P.-S.

Droits photos : Photothèque Rouge / Martin Noda / Hans Lucas

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