Le Medef et ses alliés sont en passe d’obtenir ce qu’ils cherchent depuis longtemps : détruire les réglementations sociales et les systèmes d’indemnisation du chômage qui assurent une continuité de revenu face à une discontinuité de l’emploi. L’accord UNEDIC du 22 mars durcit les conditions d’indemnisation des chômeurs : sont touchés les travailleurs intérimaires, les « chômeurs à activité à temps réduit », les chômeurs âgés, les intermittents du spectacle.
Le rapport de la Cour des comptes de 2012 épingle le régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle qui serait à lui seul responsable d’un déficit de 1 milliard d’euros, tandis qu’un autre rapport en 2013 épingle plus généralement les travailleurs en CDD et les intérimaires. Aubaine pour le Medef qui entend liquider définitivement toute idée de solidarité. Car le « déficit » des systèmes d’assurance chômage des plus précaires est inhérent à la mutualisation et à la solidarité. Il est largement compensé par les « excédents » des salariés en CDI. Le gouvernement et les syndicats qui s’en prennent à la mutualisation déraillent gravement.
La lutte présente des intermittents du spectacle est exemplaire à plusieurs titres. Elle montre d’abord que lorsque le travail conserve un sens, et c’est le cas pour beaucoup de métiers du spectacle, la lutte collective est possible et dépasse les questions strictement catégorielles. Les intermittents parlent aujourd’hui pour tous les précaires, dispersés, atomisés, culpabilisés, qui ne peuvent mener une telle lutte. Ils se battent pour des droits et non pour une aumône distribuée par l’État. Enfin, ils sont conscients de préfigurer la société de demain, où la mobilité du travail devra, quoiqu’en disent le Medef et ses alliés, s’accompagner d’une stabilité du revenu.
Nous appelons le gouvernement et sa ministre de la culture à un sursaut de raison. Plus que jamais, nous avons à faire valoir les valeurs de la solidarité et celles d’une culture comme rempart contre la destruction gestionnaire de tout monde commun.