Comme le montre le rapport des Amis de la Terre et d’Oxfam publié ce mardi, les centrales à charbon d’EDF et d’ENGIE émettent chaque année respectivement plus de 69 et 81 millions de tonne de CO2. « Les émissions de CO2 provoquées par les centrales à charbon de ces deux entreprises, dont l’État est actionnaire, équivalent à la moitié des émissions de la France ! Pourtant, ces entreprises n’hésitent pas à se présenter comme des championnes de la lutte contre le changement climatique. Au-delà de la mauvaise foi des entreprises, c’est aussi l’incohérence du gouvernement qui est à déplorer : François Hollande multiplie les appels à l’étranger pour lutter contre le changement climatique, et pourtant l’État français, qui a un pouvoir de décision dans ces entreprises, laisse ses entreprises polluer massivement à l’étranger. » dénonce Malika Peyraut, des Amis de la Terre.
Énergies fossiles, nucléaire, fausses solutions et pratiques de lobby : le palmarès des autres organisateurs et sponsors est bien lourd. De leur côté, Total et Shell repoussent chaque jour les frontières de l’extractivisme : fracturation hydraulique, forage dans l’ arctique, etc. Arcelor Mittal est le principal émetteur de gaz à effet de serre en France. Vinci est prêt à tout pour bétonner le bocage du pays nantais et construire l’aéroport de Notre Dame Des Landes – une catastrophe écologique et climatique.
Pour Nicolas Haeringer, de 350.org, « Ce sommet est une impasse et une ineptie. Personne ne songerait à associer les cigarettiers à la définition des politiques de lutte contre le tabagisme. C’est ce qui se passe, pourtant, avec le climat ». De fait, les gisements que ces multinationales possèdent, exploitent ou financent représentent une véritable bombe climatique : alors que nous ne pouvons nous permettre de brûler plus de 565 gigatonnes de CO2 d’ici 2050 par la combustion de charbon, de gaz et de pétrole si nous voulons endiguer le réchauffement global, les gisements de fossiles actuellement exploités ou en passe de l’être représentent 3000 gigatonnes d’émissions potentielles.
Les acteurs de l’industrie fossile ne sont pas les seuls responsables. Les institutions qui investissent dans le secteur le sont tout autant, de même que les banques qui financent les activités de ces multinationales. Pour Hélène Cabioc’h, d’Attac France, « les paradis fiscaux sont des enfers climatiques. En effet, les banques ont une double responsabilité : elles financent des projets climaticides et, en plaçant leur argent dans des paradis fiscaux, freinent le financement de la transition écologique ».
À cet égard, François Hollande et Laurent Fabius doivent montrer l’exemple.
Selon Nathalie Delhommeau, des J.E.D.I for Climate : « La France est le pays hôte de la COP 21 ; elle ne doit pas se salir les mains à chercher des soutiens de lobbies climaticides. Les J.E.D.I for Climate dénoncent donc la présence de Messieurs Hollande et Fabius à ce sommet. L’argent qui doit financer la transition énergétique doit être récupéré de l’évasion fiscale organisée par les banques climaticides elles-mêmes présentes à ce sommet. »
Nul doute qu’au cours des mois qui viennent, les grandes entreprises du secteur fossile multiplieront les initiatives visant à brouiller les cartes et à laisser croire qu’elles pourraient faire partie de la solution au dérèglement climatique, plutôt que du problème. Mais à 6 mois du sommet climat de Paris-Le Bourget, 350.org, les Amis de la Terre, Attac France et les J.E.D.I. for Climate sont déterminés à agir pour que le monde tourne définitivement la page des combustibles fossiles et s’engage vers un futur basé sur la réduction de la consommation, l’efficacité énergétique et 100 % d’énergies renouvelables.