Les transports sont la première source des émissions de gaz à effet de serre en France : ils représentaient 27,8 % des émissions nationales en 2012, le transport routier étant responsable de 92 % de ces émissions, dont 57 % pour les seuls véhicules particuliers.
Prétendre que le réseau autoroutier est maintenant si dense que le problème de l’enclavement des territoires n’est plus un obstacle à la fermeture des lignes de chemin de fer, relève d’une forme de négationnisme climatique inadmissible. La loi Macron a déjà libéralisé le service d’autocar sur les segments les plus rentables jusqu’alors réservés au train. Une centaine de nouvelles lignes d’autocars sont annoncées dès juillet, qui concurrencent directement les Intercités. Fermer des lignes de train, y compris les lignes de nuit, pour les remplacer par des bus « Macron » dépasse l’entendement. Tout comme la proposition de remplacer certaines lignes par des vols low cost. Difficile d’imaginer une politique de transports plus anti-écologique.
La logique de ces propositions est bien connue, elle a déjà été expérimentée dans la plupart des services publics. Les investissements dans le fret ferroviaire et sur ces lignes « secondaires » ont été délaissés au profit du fret routier et des TGV. Ces lignes ont réduit leurs dessertes et dégradé la qualité de leur service, et en l’état elles ne sont plus rentables. Au lieu d’inverser le processus et de prioriser des investissements pour améliorer et fiabililiser le service, on les supprime pour laisser la place aux transports routiers, privés ou de filiales SNCF de droit privé (Géodis, Kéolis…) Tant pis pour les emplois des cheminots, et tant pis pour les équilibres territoriaux. En cette année de conférence climatique à Paris Le Bourget, il semble que pour François Hollande aussi, l’écologie « cela commence à bien faire ».
Après la loi Macron, le rapport remis au gouvernement témoigne de la poursuite d’une véritable offensive contre les salariés de la SNCF, contre les usagers, contre toutes les préconisations des scientifiques en matière de changement climatique. Avec la suppression de ces lignes, ce gouvernement écrit un nouveau chapitre du livre noir de la transition écologique en France. La COP 21 doit être l’occasion d’un sursaut citoyen qui commence à refermer ce livre.