Pour les organisations de la Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires, si cette taxe a le mérite de pointer les limites du système fiscal international, elle ne constitue qu’une proposition très limitée pour taxer quelques entreprises alors que l’évasion fiscale des entreprises multinationales est un problème généralisé et que dans le même temps la baisse de l’impôt sur les sociétés se poursuit, accentuant la course au moins disant fiscal aux niveaux européen et mondial.
« Si Bruno Le Maire n’a pas ménagé ses efforts en matière de communication, ce nouvel impôt sur les géants du numérique reste symbolique vis-à-vis des pratiques généralisées d’évasion fiscale des multinationales. Cette taxe de 3% sur le chiffre d’affaire numérique devrait uniquement concerner une trentaine d’entreprises, mais elle ne s’attaque pas aux mécanismes au cœur des montages d’évasion fiscale des grandes entreprises. Pour 2019, les recettes de cette taxe sont estimées à 400 millions d’euros par Bercy, bien peu au regard des 80 à 100 milliards d’euros annuels que coûtent l’évasion fiscale au budget de l’État. » explique Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer au CCFD-Terre Solidaire et coordinatrice de la Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires.
« Les recettes générées par la taxe GAFA sont ridiculement faibles comparées à celles que devrait perdre l’État du fait de la baisse de l’impôt sur les sociétés : entre 15 et 17 milliards par an. En refusant de remettre en cause la baisse de l’impôt sur les sociétés, la France ne fait qu’accentuer la course au moins disant fiscal. A ce rythme-là, le taux moyen mondial d’impôt sur les sociétés pourrait atteindre 0% en 2052. C’est d’autant plus choquant que la France plaide au niveau international pour l’instauration d’un taux minimum d’imposition effectif pour les sociétés » pour Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France.
« Les citoyens et les citoyennes sont les premières victimes des pratiques d’évasion fiscale des multinationales, en France comme dans les pays en développement. La France doit s’engager clairement pour une remise à plat du système fiscal international, qui associerait les pays en développement sur un pied d’égalité. Cette remise à plat permettrait de taxer plus simplement les entreprises en fonction de leurs activités réelles en les considérant comme une entité unique. Sans cela, les entreprises multinationales auront toujours un temps d’avance pour utiliser les failles du système fiscal. La France doit également s’engager pleinement pour la transparence, afin que l’on sache enfin combien d’impôts payent les entreprises multinationales dans tous les pays où elles opèrent. » conclut Dominique Plihon, porte-parole d’Attac France.