Jets de pantoufles au ministère de l’Économie et des Finances pour dénoncer le projet de loi retraites

jeudi 16 janvier 2020, par Attac France

Ce jeudi 16 janvier à 12h30, à Paris, plusieurs centaines de militant·e·s d’Attac et de cheminot·e·s en gréve de la gare de Lyon, notamment de Sud Rail et de la CGT Cheminots, ont organisé une action surprise devant le ministère de l’Économie et des Finances. En ce 43e jour de grève, les activistes se sont mobilisés pour appeler au retrait du projet de réforme des retraites qui va favoriser le développement de la retraite par capitalisation au profit de multinationales comme Amundi, Axa, ou BlackRock.

Tandis que les avocat·e·s jettent leur robe, que les médecins jettent leur blouse et que les enseignant·e·s jettent des manuels scolaires, les activistes ont lancé des centaines de pantoufles devant l’entrée du ministère de l’Économie et des Finances et redécoré la devanture avec les logos des géants de l’épargne-retraite.

Les activistes ont voulu dénoncer l’influence nocive des lobbys de l’épargne-retraite qui ont su trouver des oreilles attentives auprès d’Emmanuel Macron, des membres de son gouvernement, des élu·e·s de la majorité, des hauts fonctionnaires et autres conseillers ministériels pour influencer le projet de loi retraites en leur faveur.

En effet, l’article 64 du chapitre 2 du titre 5 du projet de loi indique que « le secteur de l’assurance est appelé à se mobiliser, afin que le recours à ces véhicules [permettant d’assurer désormais tout type de plan d’épargne-retraite] se généralise et que l’économie française puisse ainsi bénéficier pleinement du dynamisme de l’épargne-retraite généré par la loi PACTE ».

Attac publie aujourd’hui une note qui démontre à quel point le projet de loi va favoriser les fonds de pension, assurances et gestionnaires d’actifs.

Pour Aurélie Trouvé, porte-parole d’Attac : « C’est l’un des objectifs peu reluisants de ce projet : rendre le recours à la capitalisation indispensable pour conserver une retraite suffisante. Mais cela revient à confier notre avenir aux multinationales, aux marchés financiers, à la spéculation et aux investissements toxiques pour les peuples et la planète. Et qui va devoir payer les pots cassés à la prochaine crise financière ? »

Les activistes ont symboliquement jeté des pantoufles pour mettre en lumière une pratique qui favorise l’influence des lobbys : le pantouflage, particulièrement important en France et notamment au ministère de l’Économie et des Finances. Le pantouflage consiste à faire des allers-retours entre la haute fonction publique et le privé : des ex-ministres, des élu·e·s, des hauts fonctionnaires se font embaucher dans une entreprise où ils pourront mettre à profit leur image et leur carnet d’adresse.

Alors que Jean-Paul Delevoye a du démissionner pour ne pas avoir déclaré ses conflits d’intérêts avec le monde de l’assurance, plusieurs cas ont montré la porosité entre le ministère de l’Économie et des Finances et le monde des banques, assurances et autres gestionnaires d’actifs :

  • Jean-François Cirelli, président de BlackRock France depuis 2015, a été convié par le Premier ministre Édouard Philippe à siéger au sein du « Comité action publique 2022 » qui vise à réduire les dépenses publiques, avec des « réformes structurelles », des « économies significatives et durables » que l’État devra réaliser, quitte à envisager certains « transferts au secteur privé » ou l’« abandon » de certaines de ses missions. Celui qui vient d’être ordonné officier de la légion d’honneur le 1er janvier est un ancien haut-fonctionnaire à la direction du Trésor à Bercy et a conseillé François Fillon lors de la réforme des retraites de 2013 avant de diriger Gaz de France devenu Engie après sa privatisation.
  • Jean-Jacques Barbéris, énarque de la direction générale du Trésor de 2008 à 2012, puis, de 2012 à 2013, membre du cabinet de Pierre Moscovici, quand il était ministre de l’Économie et des Finances, a ensuite vendu ses services au géant français de la gestion d’actifs Amundi à partir de 2016.
  • Sandrine Duchêne, numéro 2 du Trésor à Bercy, est recrutée en 2016 par le groupe AXA pour s’occuper des relations publiques tandis que l’assureur annonçait aussi l’arrivée de Laurence Boone, conseillère économique et sherpa dans les sommets internationaux de François Hollande, en tant qu’économiste en chef du groupe et responsable de la recherche d’AXA Investment Managers.

Pour Raphael Pradeau, porte-parole d’Attac, « Emmanuel Macron, ancien énarque et inspecteur des finances, a rejoint la banque Rothschild avant de devenir ministre de l’Économie puis président de la République. Cette porosité entre le ministère de l’Économie et des Finances et le monde des affaires ne peut plus durer. Il est donc urgent d’interdire le pantouflage pour mettre fin à ces allers-retours entre le monde de la finance et de la politique. »

Les militant·e·s ont quitté les lieux pour se rendre à la manifestation parisienne qui partira à 13h30 de la gare Montparnasse. Comme lors des précédentes manifestations, un cortège féministe des « grandes gagnantes » reprendra la chorégraphie et la chanson « À cause de Macron ». Le rendez-vous est fixé à 13h devant le 112 boulevard du Montparnasse (entre le cortège de Solidaires et celui des jeunes).

Cliquez ici pour accéder à la note d’Attac France : Axa, AG2R, Amundi, BlackRock : qui seront les grands gagnants du développement de la retraite par capitalisation ?

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