Impasse de l’OMC, ou la lente agonie du multilatéralisme

jeudi 14 décembre 2017, par Attac France

Le sommet de l’Organisation mondiale du commerce s’est clôturé à Buenos Aires (Argentine) ce mercredi 13 décembre sans qu’aucun nouvel accord ne soit trouvé et sans même un texte diplomatique qui aurait pu sauver les apparences. Symptôme d’un monde où les antagonismes nationaux se percutent violemment et se substituent peu à peu à des négociations visant à déréguler l’économie mondiale, ce résultat nous impose d’intervenir pour éviter chacune de ces deux voies sans issues et emprunter un chemin de solidarité, de coopération et de relation pacifiée entre les sociétés et avec la planète.

Les États-Unis sont venus à Buenos Aires avec un agenda propre à faire dérailler ce qui pouvait encore rester du multilatéralisme qui avait présidé à la création de l’OMC. Il ne faut pas en être surpris, après la série d’actes posés dans le même sens concernant les négociations climatiques et l’accord de Paris ou encore l’Unesco. Il ne s’agit pas d’un repli commercial comme il est coutume de l’entendre mais de la volonté d’imposer violemment un autre ordre commercial et politique, autour d’un agenda structuré par « America First ». L’OMC n’est plus un espace de négociations feutrées, ayant l’apparence de la neutralité, mais un lieu d’affrontement explicite entre intérêts économiques et puissances politiques.

De con côté, l’Union européenne (UE) court toujours après son fantasme de construction d’un consensus multilatéral pour aller vers toujours plus de dérégulation globale en matière de commerce et d’investissement, au mépris des situations des peuples des pays du Sud et de la planète. Ainsi, en accord avec le gouvernement argentin, qui entendait bien utiliser l’OMC comme vitrine politique et qui n’a pas hésité à tenter de limiter l’expression de la « société civile », dont Attac, l’UE désirait aussi donnait une légitimité politique aux négociations en cours pour un accord de libre-échange avec le Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay). Les négociations, entamées il y a dix huit ans, ont été relancées au pas de charge depuis quelques mois dans la clandestinité. Le texte en discussion a été publié le 7 décembre par Greenpeace Pays-Bas [1]. Pour Isabelle Bourboulon, membre d’Attac France, « les négociations vont malheureusement se poursuivre, malgré l’absence de déclaration commune à Buenos Aires et malgré les tensions entre des blocs, qui ne ressemblent plus à la partition traditionnelle du monde entre pays du Sud et pays du Nord, mais entre intérêts économiques et politiques au sein d’un même modèle visant à extraire toujours plus de valeur des humains et de la Terre ».

Cet accord, qui concerne 800 millions de consommateurs, porte essentiellement sur l’augmentation des exportations de viande, bio-diesel, soja, côté Mercosur et sur les exportations de voiture, énergie, services financiers et ouverture des marchés publics de l’autre. Pour Geneviève Azam, économiste et membre d’Attac France, « si cet accord aboutissait, il favoriserait encore les grands élevages au Brésil et en Argentine, la culture intensive du soja transgénique, les agrocarburants, avec pour conséquences la déforestation accélérée, l’accaparement des terres, les violences et assassinats de leaders indigènes défendant leurs terres ».

Du 8 au 13 décembre, un sommet des peuples, en marge des négociations, a été organisé pour donner la voie à toutes celles et ceux qui en sont privés à l’intérieur même de l’OMC – de nombreux délégués de la société civile ont été interdits d’accéder en Argentine et/ou à l’OMC. Pour Christophe Aguiton, ce sommet a été « un moment fort pour penser une solidarité à l’échelle globale, soucieuse d’une autre relation à la Terre, et passant par des expériences coordonnées de relocalisation et de déglobalisation des sociétés ».

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