Gaz et nucléaire inclus dans la taxonomie verte : la France pousse la Commission européenne au greenwashing

lundi 7 février 2022, par Attac France

La Commission européenne a présenté mercredi 2 février son projet d’acte délégué au sujet de la taxonomie verte de l’Union européenne (UE).

Un enjeu économique plus qu’écologique

Cet acte délégué reprend presque entièrement sa proposition du 31 décembre 2021. L’énergie nucléaire et le gaz seront dorénavant classés comme compatibles avec le Plan Vert de l’UE et intégré à sa taxonomie durable.

C’est un enjeu financier et économique important. Grâce à cette classification, les investissements dans ces filières énergétiques vont pouvoir bénéficier de financements privés et publics (européens d’abord) très importants. Ceux-ci pousseront à la construction de centrales dans les pays qui doivent abandonner le charbon à court terme, et offriront un second souffle à l’industrie nucléaire dans un pays comme la France qui doit choisir s’il renouvelle ou non son parc. La principale conséquence de ce choix sera en tous cas de ralentir le développement des énergies renouvelables sur tout le territoire européen.

C’est bien sûr, un enjeu écologique. Et à cet égard, nous ne pouvons que nous interroger sur la réelle efficacité de l’utilisation du nucléaire et des gaz fossiles pour atteindre l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 (objectif affiché dans la Plan vert de la Commission). Les dégâts que causeront inévitablement les déchets nucléaires impacteront la vie de nos enfants et petits-enfants !

C’était aussi un enjeu politique. La France, et notamment Emmanuel Macron reste l’un des grands défenseurs de l’énergie nucléaire. Notre président en a fait une affaire prioritaire, contre l’avis de nombreux pays, y compris l’Allemagne. Mais les tractations sont allées bon train pour que finalement, la Commission décide de suivre la position française. Il est à noter que, et c’est assez rare pour être signalé, la Commission à pris sa décision après un vote majoritaire, et non au consensus comme il est de coutume. Des commissaires se sont opposés à ce vote, et non des moindres : l’espagnol Josep Borell, haut représentant de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité, Johannès Hann, chargé du budget, et la portugaise Elisa Ferreira, chargée de la cohésion et des réformes. D’autres étaient opportunément absents, comme la danoise Margrethe Vestager et le néerlandais Frans Timmermans... Jusqu’où est allé Macron dans ses promesses aux pays de l’Est européen pour qu’ils se rallient aux positions françaises ? Plus que jamais, l’UE apparaît comme divisée, sur une question fondamentale.

La Parlement européen doit maintenant valider ce texte.Attac appelle les députés européens à rejeter ce texte qui permettra d’inclure le nucléaire et le gaz fossile dans la taxonomie verte. Nous appelons le gouvernement français à changer de politique énergétique. Nous demandons aux candidats à l’élection présidentielle de se prononcer rapidement contre cette orientation.

P.-S.

Photo d’illustration : Greenpeace France - Basile Mesre Barjon

J’agis avec Attac !

Je m’informe

Je passe à l’Attac !

En remplissant ce formulaire vous pourrez être inscrit à notre liste de diffusion. Vous pourrez à tout moment vous désabonner en cliquant sur le lien de désinscription présent en fin des courriels envoyés. Ces données ne seront pas redonnées à des tiers. En cas de question ou de demande, vous pouvez nous contacter : attacfr@attac.org