Pour Vincent Drezet, porte-parole d’Attac « Année après année, des records de versements de dividendes sont battus. La financiarisation de l’économie montre là son vrai visage : celui d’une prédation des richesses sur fond d’inégalités, d’injustices fiscales et d’une pression croissante sur le revenu de l’immense majorité des ménages. La finance fait bombance au détriment des enjeux sociaux et écologiques : tout se passe comme si elle décidait de capter toutes les richesses possibles avant une éventuelle crise, qui sera une nouvelle fois payée par les populations. »
Une politique fiscale et des aides publiques qui nourrissent les profits et les dividendes
Ces dividendes nourrissent la hausse des inégalités de revenus et de patrimoine. L’INSEE a ainsi montré (Revenus et patrimoines des ménages en France, INSEE Références, édition 2021) que les inégalités ont augmenté entre 2008 et 2018 (soit avant les années record) alors que « Les ménages des 1 % de personnes les plus aisées détiennent 6 % du niveau de vie total, mais 26 % des revenus d’indépendants et des revenus du patrimoine, dont 60 % des revenus mobiliers déclarés (actions, etc. »).
Le Comité d’évaluation des réformes de la fiscalité du capital avait pour sa part montré que, si les revenus financiers étaient très concentrés sur les 1 % les plus riches (64 % des dividendes ont été perçus par des foyers déclarant plus de 100 000 euros de dividendes), ils avaient fortement augmenté après la mise en œuvre du prélèvement forfaitaire unique (une flat-tax à 30 % prélèvements sociaux compris en lieu et place d’une imposition au barème progressif de l’impôt sur le revenu) et la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en impôt sur la fortune immobilière (IFI).
Autrement dit, cette réforme a incité les grandes entreprises à verser davantage de dividendes aux ménages les plus riches, qui le sont devenus encore plus. Le gouvernement a décidé de faire de la France une place forte financière au détriment des enjeux sociaux et environnementaux.
Ce niveau record annonce un autre record en matière de superprofits des grandes entreprises. Des superprofits dont le gouvernement a d’abord nié l’existence, avant de se résoudre à appliquer le strict minimum de l’accord européen, pour une efficacité encore discutée. Précisons que, outre la politique fiscale, la hausse spectaculaire des aides publiques, qui aurait atteint près de 160 milliards d’euros, a également nourri les profits des entreprises et, par conséquent, le versement de dividendes (INSEE, « Résultat des entreprises », conjoncture française, 6 octobre 2021).
Profits et dividendes VS enjeux sociaux et environnementaux
« Alors que le gouvernement veut imposer une réforme des retraites qui, après la réforme de l’assurance chômage, organisera un nouveau recul des droits sociaux au détriment des plus précaires notamment, le montant astronomique de ces superdividendes et celui, à venir, des superprofits révèlent l’impasse de la financiarisation de l’économie et de la politique du gouvernement. A titre d’exemple, un relèvement de 10 points du prélèvement forfaitaire unique et le rétablissement de l’ISF dégagerait un rendement supérieur au besoin de financement des retraites. » ajoute Vincent Drezet, porte-parole d’Attac.
Imposer les superprofits comme l’Alliance écologique et sociale (dont fait partie Attac) l’a proposé dégagerait 10 à 20 milliards d’euros, de quoi impulser une bifurcation sociale et écologique qui constitue une urgence vitale, comme la catastrophe des évènements météorologiques de cet été et de cet hiver historiquement chauds l’ont démontrée.