En utilisant sciemment ce terme outrancier, Gérald Darmanin fait le choix d’une provocation calculée, tout en recourant à un amalgame typique des méthodes répressives : les manifestations sont nécessairement violentes et les manifestant·es sont des terroristes. C’est un signe inquiétant révélateur d’une dérive dangereuse de criminalisation des mouvements sociaux et écologiques, à l’heure même où les urgences sociales et climatiques se font plus pressantes.
Manifester est un droit constitutionnel et un outil de lutte sociale et collective parmi d’autres. Et cette manifestation était déclarée dans les règles depuis plusieurs semaines. Mais elle a été interdite quelques jours avant, alors que l’organisation était déjà lancée et, surtout, que son motif était et demeure parfaitement légitime. Cette décision d’interdiction a été rapidement suivie de l’envoi de très nombreux gendarmes, du déploiement d’un dispositif disproportionné et dangereux [1], et de déclarations intransigeantes et très dures de la part de la préfecture.
Les manifestant·es savaient parfaitement qu’elles et ils risquaient une amende. Mais les pouvoirs publics auraient voulu provoquer des débordements qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement. Les déclarations du ministre de l’Intérieur visent à faire oublier ses choix contestables en matière de maintien de l’ordre. La stratégie qui aurait évité l’escalade n’est pas celle qui a été choisie.
Suite à la manifestation, le ministre de l’intérieur a donc tenté d’instrumentaliser les violences engendrées par ce dispositif répressif pour : faire oublier les raisons pour lesquelles cette manifestation était organisée, discréditer les organisations du mouvement social présentes lors de cette manifestation et régler ses comptes avec les partis d’opposition de gauche. L’État de droit républicain que s’approprie si souvent Gérald Darmanin dans une définition très personnelle mérite mieux que ça.
Enfin, à l’évidence, le terme « écoterrorisme » est également une insulte aux victimes des actes terroristes qui ont durement frappé le pays, ainsi qu’à leurs familles. Assimiler une telle manifestation au Bataclan est insupportable et doit être condamné sans réserve. Cette stratégie discursive indécente ressemble à une entreprise pour faire oublier les crimes climatiques et la responsabilité du gouvernement qu’Attac ne cesse de dénoncer. L’accaparement de l’eau en est un et l’illégalité - et encore moins l’illégitimité - ne se situe pas du côté des manifestant·es.
Attac réitère son soutien aux manifestant·es victimes de la politique d’escalade de la violence de l’État et de ses armes mutilantes et dangereuses, tels que les LBD et les grenades de désencerclement [2]. On rappellera que, suite aux graves incidents survenus pendant le mouvement des Gilets jaunes (presque 8 ans jour pour jour après la mort de Rémi Fraisse à Sivens), le Conseil de l’Europe a demandé à la France de suspendre l’utilisation de ces armes en février 2019.
Le commissaire aux droits humains du conseil avait enjoint les autorités françaises dans son mémorandum de « mieux respecter les droits de l’homme », de « ne pas apporter de restrictions excessives à la liberté de réunion pacifique » et de « suspendre l’usage du lanceur de balle de défense ». Ces agressions sont graves et dénotent la progression d’une inquiétante dérive autoritaire que le ministre de l’Intérieur tente de légitimer [3].
Attac, association citoyenne engagée dans la défense de la justice fiscale, sociale et écologique dénonce la basse manœuvre du ministre de l’Intérieur synonyme de dérive d’un pouvoir manifestement aux abois donc davantage orienté vers la répression.