Nous savons cependant qu’il existe une option lourde, derrière le rideau d’un processus apparemment très lisse et d’une diplomatie bien rodée : le texte final va-t-il entériner la position des États-unis et de leurs alliés ?
Après avoir supprimé toute contrainte sur les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre et après avoir sorti des négociations les niveaux d’émission, l’avantage pourrait être poussé encore un peu plus loin : un inventaire des engagements serait réalisé tous les cinq ans après 2020 mais avec une révision des engagements non contraignante ; les financements eux-mêmes pourraient être laissés à l’appréciation des États et des fonds financiers.
Pour Geneviève Azam, économiste et porte parole d’Attac, « par un jeu de vocabulaire, l’accord de Paris, « universel contraignant » pourrait accomplir la volonté d’en finir avec un des piliers de la Convention de 1992 et du protocole de Kyoto : la responsabilité climatique est commune mais différenciée, elle suppose des engagements contraignants pour les pays les plus pollueurs, aussi bien en termes de niveau d’émission que de financement. Si tel était le cas, après plus de vingt ans de flottement, c’est l’autre pilier de la convention qui s’imposerait sans partage, celui de la soumission des objectifs climatiques aux règles du libre-échange et des marchés financiers ».
Pour Maxime Combes, économiste et porte-parole d’Attac France sur les enjeux climatiques, « le projet d’accord pourrait entériner un réchauffement climatique supérieur à 3 °C, sans qu’il n’y ait de perspective d’amélioration dans les prochaines années, accentuant le décalage abyssal entre l’objectif affiché et la réalité du réchauffement, entre la bulle des négociations et l’état d’urgence climatique auquel sont confrontées les populations les plus vulnérables ; la présidence française voulait un accord juste, ambitieux, équilibré et juridiquement contraignant, c’est pas gagné ».