À nouveau, ce mouvement social dénonce la pwofitasyon, la vie chère provoquée par les marges abusives des monopoles qui mettent en coupe réglée les économies des outre-mer. Car si l’esclavage a été aboli en 1848, les inégalités sociales, fiscales, économiques, environnementales et raciales issues de l’histoire coloniale française persistent. Malgré la loi d’assimilation de mars 1946, transformant les territoires en départements français, rien ne semble avoir fondamentalement changé.
Les outre-mer restent maintenues dans un système de dépendance (80 % des biens consommés sont importés, et notamment les denrées alimentaires) et de monopole colonial lié notamment à la monoculture intensive.
Rappelons que quatre grandes familles béké s’accaparent les richesses de l’import-distribution, notamment par une main mise sur les terres agricoles. En tête de file, on retrouve le groupe Bernard Hayot qui s’est « diversifié » vers la distribution dans les Antilles, et qui est un héritier d’une famille enrichie par l’exploitation du sucre permise par l’esclavage (Bernard Hayot a été élevé par décret le 3 juillet dernier « à la dignité de grand officier de l’ordre national de la légion d’honneur »). Pour s’approvisionner à moindre coût, la France a imposé de tourner l’agriculture locale des Antilles vers l’exportation au détriment des cultures vivrières.
Une des revendications des mobilisations actuelles vise donc à soutenir la consommation des produits locaux, en vue d’un objectif de souveraineté alimentaire qui devra nécessairement passer par une réforme foncière consistant notamment à redistribuer des terres et défendre une agriculture familiale ; la mise en place de mécanismes fiscaux et douaniers doivent également permettre le soutien à une économie locale qui ne soit plus autant dépendante des importations.
À peine les première secousses exprimées, le gouvernement a répondu par la répression avec notamment l’envoi de CRS en Martinique (rappelons que les CRS avaient été bannies de l’île suite à la répression violente du mouvement social en 1959). L’État fait donc le choix conscient de ne pas rompre avec les pratiques de l’héritage colonial - ce qui est constaté également en Kanaky : arrestation arbitraires, refus d’entendre, mépris et répression sont les seules réponses des représentant·es de l’État.
Pour Attac, la solidarité envers le mouvement social et nos concitoyen·nes ultra marin·es qui luttent pour une juste répartition des richesses, la fin de la dépendance, la justice sociale et environnementale est indispensable.
Les outre-mer doivent être libérées de l’héritage colonial pour leur permettre de répondre aux défis du réchauffement climatique, conquérir leurs souverainetés et développer des coopérations régionales respectueuses de leurs besoins.
Face au néocolonialisme qui étouffe les peuples, Ansanm nou pli fo
(Ensemble nous sommes plus fort·es)