Avec plus de deux millions de signataires, la pétition contre la Loi Duplomb a achevé de démontrer la complicité du gouvernement, de la droite, de l’extrême droite et de la FNSEA pour empoisonner la population tout en dévoyant la colère légitime du monde agricole. Cette instrumentalisation de la colère paysanne par l’agro-industrie a même conduit des mouvements extrémistes à s’attaquer aux locaux politiques, notamment des permanences de partis écologiques. Ces attaques ont été perpétrées en toute impunité malgré la présence de dispositifs de maintien de l’ordre.
En février dernier Attac se faisait le relais et le soutien des mobilisations du monde agricole, aux cotés de la Confédération Paysanne, au sein du collectif Nourrir ou en suivant les propositions du collectif Sécurité sociale de l’alimentation (SSA). Dans un webinaire organisé avec Paysans de Nature et la Confédération Paysanne, nous montrions qu’une autre agriculture est possible, une agriculture respectueuse du vivant, de la biodiversité, qui n’empoisonne pas les sols et les gens, une agriculture qui rémunère dignement ses travailleurs et travailleuses.
Les travaux de l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE) et d’autres montrent par ailleurs qu’il existe des alternatives concrètes. Et les pratiques de paysans de la Confédération Paysanne, de Paysans de Nature, du Modef mettent en œuvre, en pratique, une agriculture rémunératrice, sans pesticide, non libre-échangiste et non productiviste, capable de répondre aux urgences sociales et écologiques.
Pour Attac, il est impossible de déconnecter les questions environnementales, des questions de santé, de conditions de travail, d’alimentation (comme un important collectif de chef·fes de cuisine l’a tout récemment également manifesté publiquement). Nous pensons que ces sujets sont intimement liés et ne peuvent être confisqués : les citoyen·nes devant être consulté·es, inclus même dans les institutions et les processus décisionnaires.
Ce n’est pourtant pas le cas actuellement quand les instances de l’eau (PTGE, CLE, SAGE [1]) sont encore et toujours verrouillées, inaccessibles. Ou quand la réponse du gouvernement, de la droite et de l’extrême droite (en les personnes de Laurent Duplomb, Annie Genevard ou Marine Le Pen) à la mobilisation de plusieurs millions de citoyen·nes est le mépris, la désinformation, le mensonge. Cette pétition déposée par Eléonore Pattery, une citoyenne « lambda » montre qu’une grande partie de la population n’est pas dupe, se préoccupe de sa santé et de son alimentation et aspire à davantage de démocratie.
A ces dénis démocratiques s’ajoute un autre, celui d’un projet de budget en contradiction totale avec les exigences de justice fiscale exprimées par une majorité de la population, et qui vise une fois de plus à s’attaquer aux services publics, aux droits de toutes et tous et à la protection sociale. Pour Attac, la réponse aux crises sociales et écologiques passe au contraire par la démocratisation des enjeux budgétaires, la redistribution des richesses et un réinvestissement massif dans les services publics.
Macron et Bayrou auront su ouvrir un champ de luttes partagées et mettre à jour mieux que quiconque les collusions et complicités de leur monde. Celui d’un système capitaliste prédateur, destructeur et injuste qui exploite, asservit les travailleur·ses, les citoyen·nes, corrompt et dévoie les institutions, détourne et accapare les biens communs. Un système prêt à tout pour se perpétuer quitte à s’appuyer sur le fascisme, sur un bellicisme terrifiant et à les financer astronomiquement. Un monde qu’Attac combat depuis sa création.
Nous suivons de près aussi bien les suites des mobilisations contre la loi Duplomb [2] et contre le projet de l’A69 que les initiatives intersyndicales et l’élan populaire du 10 septembre pour répondre aux propositions injustes et irresponsables du projet de budget Bayrou. Seuls les rapports de force et la diversité tactique de notre riposte permettront de venir à bout de ces projets et régressions. Attac contribuera ainsi, au sein du mouvement social, à articuler et amplifier ces mobilisations car nous savons bien qu’un autre budget est vital, qu’un autre monde est possible, pour une justice sociale, fiscale et écologique !