À quelques semaines des annonces d’Emmanuel Macron sur la “relance écologique”, qui devraient cependant ne contenir aucunes mesures limitant la concurrence déloyale menée par le e-commerce, responsable de la faillite de nombreux commerçants de proximité, 40 activistes des Amis de la Terre, d’Action Climat Paris et d’Attac sont venus installer devant le ministère de l’économie et des finances publiques un carton géant.
Sur les faces de la structure : les destructions d’emplois entraînées par le développement du e-commerce, les impacts climatiques dramatiques et les pertes de recettes fiscales colossales que la multinationale engendre.
Plusieurs autres actions auront lieu dans la journée, en Île-de-France, mais aussi dans d’autres régions où des projets d’Amazon font polémique. En Alsace, les citoyens se mobilisent également contre l’implantation de deux méga plateformes de 150 000 et 189 000m2.
Ces dernières années, l’e-commerce a gagné rapidement en part de marché en France et continue son expansion avec pas moins de 12 projets Amazon et Alibaba, qui devraient voir le jour dans les prochains mois. Amazon, notamment, compte doubler son activité dans le pays d’ici l’année prochaine et s’apprête à distribuer près d’1,3 milliard de produits supplémentaires par an dans le pays.
Un développement très inquiétant, alors que les annonces de dépôts de bilan dans le commerce physique s’enchaînent et font état d’au moins 24 000 destructions d’emplois potentielles en 2020. « On parle souvent de créations d’emplois pour défendre Amazon, alors qu’elle détruit en réalité 2 fois plus d’emplois qu’elle n’en crée ! À court terme, ce sont 15 000 postes dans le commerce qui seront détruits directement par Amazon », explique Alma Dufour des Amis de la Terre, « sans parler des centaines de milliers qui seront détruits à long terme, à l’image des États-Unis où près de 270 000 emplois ont été supprimés par le monopole du e-commerce en 10 ans »
Pour Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac France : « Amazon se développe et s’implante en profitant du soutien d’élus et du gouvernement alors que cette multinationale pratique une évasion fiscale massive. Rien n’est fait pour empêcher la firme de Jeff Bezos de dissimuler 57% de son chiffre d’affaires français dans des paradis fiscaux avec les impacts que l’on sait en termes de manque à gagner pour les services publics et les conséquences pour ses usager·e·s. Ensemble nous devons stopper Amazon et son monde, et promouvoir les alternatives locales. »
Surtout, à l’heure où des nouvelles prévisions font état d’impacts du réchauffement climatique bien plus rapides et plus graves que prévus, ce type d’activité met fin à toute possibilité de rester sous la barre des 2°C de réchauffement. De fait, la production et la distribution du type de produits vendus par Amazon sont déjà responsables d’1/4 des émissions importées de la France. « L’augmentation de l’activité d’Amazon avec 1,3 milliard de produits importés de plus par an et livrés par avion rendra impossible cette diminution des émissions de CO2 » explique Marie Cohuet porte-parole d’Action Climat Paris et ANV-COP 21.
Dans le cadre de l’appel contre la réintoxication du monde, Attac, les Amis de la Terre, Action Climat Paris et ANV-COP 21 demandent au gouvernement et au Parlement l’arrêt immédiat des 12 projets Amazon et Alibaba qui programmé d’ici 2021, une demande portée également par les commerces de proximité et des députés LREM, MODEM, EDS, LFI et LR.
Pour les associations, les autorités locales et nationales doivent choisir : soutenir les commerces de proximité, les circuits courts offrant des emplois locaux de qualité et réduisant les émissions ou permettre l’implantation d’Amazon qui détruit des emplois, dégrade les conditions de travail et s’apprête à enclencher une phase de robotisation importante.