Alors que toutes les instances internationales demandent que des actions soient mises en œuvre pour stopper le génocide en cours en Palestine, alors que la Cour internationale de justice (CIJ) et l’Assemblée générale des Nations unies considèrent l’occupation israélienne illégale, qu’elles rappellent l’illégalité de la colonisation et qu’elles en demandent la fin d’ici le 18 septembre 2025, de nombreuses institutions financières européennes, dont plusieurs banques françaises, continuent de soutenir financièrement des dizaines de sociétés impliquées dans la politique israélienne de guerre sans fin, d’occupation, de colonisation et de nettoyage ethnique en Palestine.
Selon le dernier rapport de la coalition Don’t Buy Into Occupation (rapport DBIO IV), quatre banques françaises, BNP Paribas, le groupe Banque Populaire - Caisse d’Épargne, la Société générale et le Crédit agricole, figurent toujours parmi les dix institutions financières européennes qui ont le plus investi ces dernières années, que ce soit sous forme de prêts ou de possession d’actions ou d’obligations, dans des entreprises complices identifiées par DBIO. Ces dernières répondent aux critères de l’ONU pour l’établissement de sa liste d’entreprises impliquées dans la violation des droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple palestinien par la colonisation israélienne.
BNP Paribas apparaît comme la banque qui entretient le plus de liens avec l’économie de l’industrie de la guerre à Gaza et dans les colonies israéliennes illégales en Cisjordanie occupée :
- En effet, d’après le rapport DBIO IV, BNP Paribas possède des actions ou obligations dans 58 entreprises complices et leur a fourni des crédits pour presque 33 milliards de dollars entre janvier 2021 et septembre 2024. Parmi ces entreprises, on retrouve notamment la société américaine Caterpillar qui fournit des bulldozers utilisés par l’armée israélienne pour la démolition de maisons et la construction de colonies dans le territoire palestinien occupé, ainsi que pour la construction du mur de séparation en Cisjordanie et de la barrière entourant la bande de Gaza assiégée. BNP Paribas détient dans Caterpillar pour plus de 235 millions de dollars d’actions et obligations, et lui a prêté plus de 674 millions de dollars entre janvier 2021 et septembre 2024. On trouve également la société d’armements israélienne Elbit Systems, lourdement impliquée dans l’attaque contre Gaza, ainsi que dans les attaques militaires israéliennes au Liban. Toujours d’après le rapport DBIO IV, BNP Paribas a investi environ 91 millions de dollars de prêts ou d’actions dans Elbit Systems sur la période 2021-2024.
- Outre l’investissement dans des entreprises complices de la colonisation, BNP Paribas est aussi le principal créancier européen d’entreprises d’armement fournissant l’armée israélienne. Un rapport publié en juin 2024, élaboré par deux organisations de la société civile néerlandaise PAX et Profundo, montre que BNP Paribas a accordé plus de 5,7 milliards d’euros entre janvier 2021 et août 2023, sous forme de services de crédit, à quatre des six plus grands fournisseurs d’armes à Israël : Boeing (États-Unis), Leonardo (Italie), Rolls-Royce (Royaume-Uni) et RTX (États-Unis).
- Enfin, BNP Paribas a également participé à une levée de fonds record pour Israël, en mars 2024, à hauteur de 2 milliards de dollars, alors que dès la fin janvier 2024, la CIJ avait jugé qu’il existait un risque plausible de génocide à Gaza.
Les réponses données par BNP Paribas face aux actions qui dénoncent ses agissements sont insatisfaisantes. En tant qu’entreprise, BNP Paribas a l’obligation de se conformer à son devoir de vigilance sur les conséquences de ses opérations en matière de respect des droits humains. À ce jour, la banque n’a donné aucun élément qui permette de vérifier la véracité de ses déclarations et son engagement en faveur des droits humains : elle continue ses soutiens financiers à des entreprises qui participent à l’occupation et à l’entreprise coloniale et meurtrière israélienne.
L’AFPS, Attac et la Campagne BDS France demandent aux banques françaises, en commençant par BNP Paribas, de cesser leur complicité dans le financement de la colonisation illégale de la Palestine, du maintien du régime d’apartheid, et du génocide à Gaza, de se conformer à leurs obligations en matière de devoir de vigilance, et de suivre la recommandation de désinvestissement de l’ONU. Désinvestir est possible, comme l’ont montré de nombreuses institutions financières de par le monde.
Désinvestir est également une obligation en vertu de la résolution votée à l’ONU le 18 septembre 2024 : les sociétés privées s’exposent à des sanctions si leurs actions impliquent « la reconnaissance de la situation créée par la présence illicite d’Israël dans le Territoire palestinien occupé » ou constituent « une aide ou une assistance au maintien de cette situation ».
Nous poursuivrons donc la campagne Banque Complice tant que les banques visées, et en premier lieu BNP Paribas, n’apportent pas les preuves de leur désinvestissement dans ces entreprises impliquées dans l’occupation et la colonisation illégale par Israël du territoire palestinien, et dans l’armement d’un État qui pratique un génocide.