La guerre génocidaire, qui est menée par Israël depuis un an, se poursuit dans la bande de Gaza. Avec son lot quotidien de morts : on parle de plus de 41 000 morts de Palestiniens avec une estimation de plus de 100 000 morts liées aux bombardements, à la destruction de 70% des infrastructures - eau, hôpitaux, etc. - et à la famine [1], sans parler des blessé·es, et des mutilé·es.
Et ce, malgré la plainte de l’Afrique du Sud qui est instruite à la Cour pénale internationale avec l’appui d’autres pays comme le Brésil, malgré les résolutions votées par l’ONU en faveur d’un cessez-le-feu et du déblocage de l’aide humanitaire à Gaza, malgré les mobilisations estudiantines, notamment aux USA et en France, malgré la demande du procureur de la CPI de délivrance de mandats d’arrêt visant le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens ainsi que trois dirigeants du Hamas, pour des faits qu’il qualifie de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.
Les actes constitutifs d’un nettoyage ethnique s’intensifient aussi à Jérusalem et en
Cisjordanie, avec une accélération de la construction de colonies illégales, de vol de
terres, d’expéditions de colons armés dans des villages palestiniens, d’expulsions et de destructions d’habitations, d’arrestations abusives de civils dont des enfants, le bilan humain étant de près de 700 morts dans les territoires occupés depuis le 7 octobre 2023.
Au Liban, face au massacre perpétré à Gaza, le Hezbollah a lancé des roquettes sur le nord d’Israël, qui ont tué en un an 26 civils israéliens et 22 soldats ou réservistes, et déplacé environ 60 000 personnes. En représailles, le gouvernement de Netanyahou, déjà responsable de la mort de centaines de personnes dans le Sud du Liban et sur le plateau syrien du Golan, a lancé des attaques terroristes aux bipeurs et talkie-walkie piégés et des raids aériens meurtriers qui, au 9 octobre, ont fait plus de 2.000 victimes dont 127 enfants selon le ministère de la Santé libanais et déplacé plus d’un million de personnes, soit près d’un cinquième de la population. « Libérez votre pays du Hezbollah », a lancé le 9 octobre 2024 le chef du gouvernement israëlien aux Libanais, menaçant, dans le cas contraire, leur pays de connaître « des destructions et des souffrances comme celles que nous voyons à Gaza. »
Dans la même période, a été rejetée par les États-Unis, principal appui militaire d’Israël, la demande d’adhésion de l’Autorité palestinienne à l’ONU. En fait, cette guerre trouve ses principaux alliés chez les tenants de la domination néocoloniale occidentale. A contrario, de nouveaux États européens – l’Espagne, l’Irlande et la Norvège - ont reconnu l’État palestinien récemment, rejoignant ainsi la majorité des pays du monde.
Actuellement, l’urgence est au cessez-le-feu, afin d’obtenir un arrêt des massacres et l’échange des prisonniers. Elle est aussi à la solidarité concrète afin de faire pression pour exiger la fin de la colonisation et de l’apartheid, condition de l’accès à l’autodétermination pour les Palestinien·nes. Au travail, à l’université, dans nos achats, il y a toujours moyen de participer à la campagne BDS (Boycott, désinvestissement, sanctions) [2], qui s’inspire de la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud et qui compte sur l’impact de sanctions et de désinvestissements économiques. Cette campagne est considérée comme légale, la justice européenne estimant qu’elle relève de la liberté d’expression [3].
En France, les manifestations de solidarité sont devenues une source de scandale par des tours de passe-passe sémantiques, le gouvernement et les médias dominants mélangeant Israélien·nes et Juif·ves, - sans écouter les voix juives qui rejettent cet amalgame -, antisionisme et antisémitisme, et associant le soutien de la cause palestinienne à du soutien au terrorisme. Cette bataille idéologique, qui se traduit par des cas de répression inadmissibles, ne fait qu’exacerber l’antisémitisme et l’islamophobie.
Comme le rappelle le Collectif National pour une Paix Juste et Durable entre Palestiniens et Israéliens, « Nous avons toujours dénoncé sans ambiguïté l’ensemble des crimes de guerre commis depuis le 7 octobre. Nous rappelons notre exigence d’un cessez-le-feu immédiat et durable et de l’entrée sans restriction de l’aide humanitaire dans la Bande de Gaza. Nous demandons que cessent les atteintes indignes à la liberté d’expression qui font honte à notre pays, les interdictions de manifestations de solidarité et les intimidations et condamnations d’élu·es et de militant·es syndicaux. »
Face à cette guerre d’usure qui dans sa disproportion, endeuille les deux peuples et leurs voisins, et qui risque d’occulter une nouvelle fois cette cause historique des droits des Palestinien·nes, nous en appelons à refuser la complicité de fait de nos gouvernements et de l’Union européenne. Nous ne pouvons accepter que les moyens d’action au niveau européen soient limités, à cause de la coalition des extrêmes-droites qui soutiennent le régime de même obédience qu’est le gouvernement de Netanyahou.
Nous exigeons
des sanctions à l’égard du cabinet de guerre israélien et non seulement des colons ;
le désinvestissement des projets ou des entreprises qui sont complices de la colonisation dans les territoires palestiniens, notamment de celles qui figurent sur la liste de l’ONU ;
la rupture de l’accord d’association UE-Israël ;
l’arrêt de la coopération militaire avec Israël.
Nous demandons aussi aux élu·es et aux responsables d’organisations d’intervenir pour soutenir à leur niveau la campagne internationale de BDS, la reprise des paiements de l’ONU à l’UNRWA [4], la constitution d’une vaste cagnotte inter-organisationnelle et citoyenne d’aide humanitaire et à la reconstruction de la Bande de Gaza…
Attac France
CADTM France
CADTM international
CEDETIM
Fondation Copernic
CORENS (Collectif Régional pour la Coopération Nord-Sud - Hauts de France)
CIBELE (Collectif Régional pour la Coopération Nord-Sud - Île-de-France)