Calais : le gouvernement ne cherche pas à résoudre le problème des réfugié⋅e⋅s mais à l’instrumentaliser pour des raisons politiques

lundi 24 octobre 2016, par Attac France

Depuis lundi à l’aube, une opération policière de grande envergure procède à la destruction du bidonville de Calais et à l’expulsion de ses habitant.e.s pour les répartir dans 280 centres d’accueil et d’orientation (CAO), à l’exception des 1 291 mineurs isolés. Cette opération largement médiatisée est présentée par le gouvernement comme une action humanitaire, respectueuse des droits des personnes migrantes.

Personne ne souhaite la pérennisation d’un bidonville où les conditions de vie sont effroyables. Mais l’existence de ce bidonville est due aux choix d’un gouvernement qui au nom d’une politique migratoire « sécuritaire » a refusé de créer les conditions d’un accueil respectant la dignité humaine et les droits élémentaires des personnes migrantes reconnus par les conventions internationales et les lois françaises.

Le Défenseur des droits a rappelé la nécessité d’assurer la protection des mineurs avant tout démantèlement du camp de Calais. La spécificité de la situation des femmes, particulièrement exposées aux violences, est trop peu prise en compte.

Aujourd’hui, pour des raisons purement électoralistes, le gouvernement a fait un nouveau choix, celui de procéder au déplacement forcé d’une population équivalente à celle d’une petite ville en à peine quelques jours.
Plusieurs centaines de journalistes ont été invités à présenter une image enchantée de ce déplacement de masse forcé, reconnaissant à peine l’existence de "récalcitrants" désireux de passer au Royaume-Uni.
Alors qu’aucun travail en amont n’a été effectué par les services de l’État, comment respecter les droits de celles et ceux dont l’identité, la situation juridique et les aspirations ne seront vérifiées que sur le lieu de destination ?
La situation faire aux mineur.e.s isolé.e.s est en dehors de toute base légale. Le gouvernement prétend s’occuper d’eux, mais il ne respecte pas leurs droits !

Dans les CAO improvisés et dépourvus des moyens humains nécessaires, comment assurer le suivi juridique, sanitaire, social ? Les demandes d’asile seront-elles enregistrées dans le délai légal par des autorités débordées ? Dans la confusion créée par ce déplacement forcé d’une population importante, le risque est grand que de voir les autorités placer des migrant·e·s en centre de rétention administrative, ou d’expulser les personnes qui relèvent de l’accord de Dublin vers les pays de leur entrée dans l’UE (Italie, Grèce), et d’autres vers leur pays d’origine par exemple en vertu du nouvel accord entre l’UE et l’Afghanistan.

Les nombreuses personnes migrantes qui veulent entrer au Royaume-Uni vont inévitablement revenir vers Calais, d’autres ports, ou aux alentours dans des conditions encore pires. Alors que l’extrême-droite essaie de mobiliser les peurs contre les réfugié·e·s, de nombreux collectifs citoyens se constituent pour les accueillir.

Attac souligne l’importance de la présence locale de témoins vigilants de l’opération de déplacement depuis Calais jusque dans les CAO. Et la nécessité de participer à la solidarité avec les personnes migrantes déplacées et aux initiatives de rassemblement qui sont organisées dans les villes et villages. 

Plutôt que de barrer les routes vers le Royaume-Uni, le gouvernement doit enfin engager un grand plan d’accueil coordonné et négocier sérieusement avec le gouvernement britannique.

Pour aller plus loin, lisez Des “ gens heureux d ’accueillir des migrants de Calais“ s’organisent

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