Le projet de loi de finances (PLF) 2026 proposé par le gouvernement et amendé par l’Assemblée nationale suscite de légitimes critiques tant il ne répond pas aux besoins de justice fiscale et aux défis sociaux et environnementaux de la période. Sans réelle surprise vu sa composition conservatrice, le Sénat a réussi à faire pire. La majorité sénatoriale a rejeté en première lecture les bien maigres et timides mesures visant à mettre un peu plus à contribution les plus riches et durci davantage le caractère austéritaire du projet gouvernemental.
Le Sénat a voté pour une baisse des recettes publiques de 6 à 8 milliards d’euros (selon les estimations), une baisse qui, selon cette majorité sénatoriale, devrait être compensée par une baisse supplémentaire des dépenses publiques. Or ces dernières sont stables depuis des années (57,7% en 2017 et 57,3% en 2024 selon l’INSEE).
La Cour des comptes et l’OFCE ont pointé que c’est en premier lieu le manque de recettes qui creuse le déficit et alimente la dette publique. Celle-ci est instrumentalisée en retour pour justifier un projet de budget injuste et inefficace. Réduire les dépenses publiques relève d’un choix politique néolibéral : moins de recettes, plus de dette, toujours plus de sacrifices sociaux, la boucle austéritaire est bouclée.
La majorité sénatoriale s’est ainsi prononcée pour le maintien de la réforme des retraites, la réduction du budget alloué à la mission « Écologie, développement et mobilité durables » ainsi que celui alloué au Centre national d’enseignement à distance et à l’ONISEP, le durcissement des conditions de l’Aide médicale d’État et la diminution de ses crédits de 200 millions d’euros… contribuant ainsi à faire le lit de l’extrême droite.
S’agissant des recettes, le Sénat a montré une nouvelle fois sa farouche volonté de préserver les intérêts des plus riches. Aux rejets du relèvement du prélèvement forfaitaire unique et de l’aménagement de la contribution additionnelle sur les hauts revenus s’ajoute la suppression de la contribution exceptionnelle sur l’impôt sur les sociétés des grandes entreprises (pourtant divisée par deux par le gouvernement). Avec le rétrécissement de l’assiette de la taxe sur certains actifs détenus dans les holdings patrimoniales, ce sont autant d’éléments qui démontrent que la majorité du Sénat sait se montrer forte avec les faibles et faible avec les forts.
Tout cela, alors que la contribution des plus riches et des grandes entreprises a considérablement baissé, atteignant un point historiquement bas. Depuis 1996, le nombre de milliardaires est passé de 16 à 145. En outre, le patrimoine total des 500 personnes les plus riches de France a été multiplié par 14 alors même que la pauvreté n’a jamais connu un niveau aussi élevé en France, avec un taux de pauvreté de 15,4 % en 2023 (soit près de 10 millions de personnes).
Pour la majorité du Sénat, l’ennemi, c’est donc l’environnement, la formation, le pauvre, l’immigrée… Face à cette fuite en avant délétère, anti-sociale et anti-environnementale, opposons l’exigence de justice fiscale et de solidarité !

