Un porte-parole du groupe BNP Paribas a déclaré à LCI que la banque « regrette d’être associée à ces débats dans les médias, à cause de cette affaire » et se targue de ne « figurer dans aucun pays figurant sur la liste de l’OCDE recensant les paradis fiscaux ». Ce porte-parole ajoute : « Nous sommes prêts à en discuter et à aborder cette discussion de manière sereine » [1].
Les Faucheurs de chaises prennent acte de ces déclarations et se déclarent prêts à débattre publiquement avec BNP Paribas. Nous suggérons que le service public de l’audiovisuel prenne en main l’organisation de ce débat public qui sera du plus grand intérêt pour les citoyens-contribuables. Le cas échéant nous sommes prêts à étudier les propositions d’autres médias.
Nous contestons les déclarations de BNP Paribas et souhaitons en particulier débattre des points suivants :
- Ce n’est pas BNP Paribas qui s’est retirée des paradis fiscaux, c’est l’OCDE qui a retiré les paradis fiscaux de sa liste : sur son site, on peut lire qu’« il n’y a plus actuellement aucune juridiction dans la liste des paradis fiscaux non coopératifs du Comité des affaires fiscales de l’OCDE » [2].
- Les listes « noires » ou « grises » établies par l’OCDE, l’Union européenne ou la France sont depuis longtemps critiquées par la société civile pour leur caractère lacunaire. Les Faucheurs de chaises se réfèrent, pour leur part, à la liste établie par le réseau international d’experts Tax Justice Network, utilisée notamment dans les rapports de la Plateforme paradis fiscaux et judiciaires.
- En 2013, les « Offshore Leaks » avaient déjà montré que BNP Paribas avait aidé à la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux via des filiales basées notamment en Asie. En 2016, les « Panama Papers » ont révélé que BNP Paribas a créé 468 sociétés offshore via le cabinet Mossack Fonseca, basé au Panama, depuis les années 1980. BNP Paribas peut-elle affirmer que cela n’a rien à voir avec l’évasion fiscale ?
- BNP Paribas se vante de payer beaucoup d’impôts en France. Pourtant, 35 % de ses bénéfices internationaux sont réalisés dans les paradis fiscaux recensés par le Tax Justice Network. À titre d’exemple, un salarié irlandais de la banque produit chaque année 845 000 euros, soit 60 fois plus qu’un salarié français [3] !