Philippe Bordenave, Directeur général délégué de la banque, qui recevait la délégation des Faucheurs de chaises le 24 novembre dernier, avait pourtant refusé d’accéder à la demande citoyenne de fermeture des filiales aux îles Caïmans, prétendant que BNP Paribas n’y avait aucune activité répréhensible. Selon lui, les motifs de la présence de la BNP Paribas aux Caïmans n’étaient pas fiscaux mais réglementaires, s’agissant d’un « paradis réglementaire » (sic) moins contraignant que les États-Unis ou l’Union européenne. Les 1 310 milliards de dollars de capitaux abrités aux Caïmans, première place offshore mondiale en terme de dépôt par des non résidents, y seraient donc venus par hasard, sans la contribution des banques qui y sont implantées ?
Pour faire cesser ce scandale, en amont de la COP 21, de nombreuses personnalités lançaient un appel à la réquisition de chaises dans les banques pour « répondre à la menace grave et imminente que représente l’évasion fiscale » et appeler à financer la transition écologique et sociale. Depuis, plus de 40 actions ont eu lieu dans de nombreuses villes, les Faucheurs ont « assiégé la BNP Paribas » le 3 décembre 2015 [1], organisé le Sommet des 196 chaises pendant le Village mondial des alternatives de Montreuil le 6 décembre 2015 [2] et remis à la justice une partie des chaises réquisitionnées lors de l’ouverture du procès Cahuzac [3]. Le scandale « Panama Papers » a sans doute achevé de convaincre BNP Paribas du danger de rester aussi exposée dans les paradis fiscaux, à commencer par l’un des premiers d’entre eux, les îles Caïmans.
Sur plus de quarante actions de réquisition de chaises et des dizaines de plaintes déposées par les banques (la première d’entre elles BNP Paribas) pour « vol en réunion », aucune poursuite n’a à ce jour été engagée contre les Faucheurs de chaises : le recul de BNP Paribas sur ses filiales aux îles Caïmans achève de démontrer la légitimité et l’efficacité de ces actions citoyennes. BNP Paribas, comme les autres banques françaises impliquées dans les paradis fiscaux, doit non seulement y fermer toutes ses filiales mais réellement y cesser toutes ses activités, directes, indirectes ou de sous-traitance organisées comme celles qu’ont révélés les « Panama Papers ». Les pouvoirs publics doivent s’en assurer par un contrôle effectif et des sanctions exemplaires en cas de manquement. L’argent de la transition écologique et sociale existe, il est dans les paradis fiscaux !
Pour aller plus loin
- Notre communiqué : « Info exclusive : Attac révèle que BNP Paribas va fermer ses filiales aux îles Caïmans ».
- L’analyse : Fraude et évasion fiscale : “Il y a encore beaucoup de progrès à faire en matière de transparence et d’accès aux données”
- La campagne « Faucheurs de chaises ».
- La campagne « Occupons la Société générale ».
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