Après les élections, les responsabilités d’Attac

vendredi 1er juillet 2022, par Annick Coupé, Julien Rivoire

Les élections législatives débouchent sur une situation inédite dans l’histoire de la 5° république. La crise politique qui s’est régulièrement exprimée dans la rue au cours du premier mandat d’Emmanuel Macron s’est cristallisée dans les urnes mi-juin. Une abstention massive, un président nouvellement élu mais sans majorité parlementaire, une extrême droite qui obtient un groupe important à l’Assemblée nationale, et une gauche politique qui émerge sur des bases antilibérales sont les nouvelles coordonnées de la séquence qui s’ouvre. Nous devrons dans les prochains mois prendre la mesure du séisme en cours , analyser précisément les paramètres de cette crise politique, et trouver les outils pour renforcer les mouvements sociaux.

Ces élections législatives n’ont pas suffisamment mobilisé : plus de la moitié des électeurs et électrices ont refusé d’y prendre part. Cet état de fait a un ressort conjoncturel produit par la non campagne d’Emmanuel Macron. Mais son ampleur, notamment parmi les jeunes générations, est caractéristique d’une défiance plus profonde vis-à-vis d’un système à bout de souffle. Depuis quarante ans, nous vivons une continuité de politiques libérales, qui malgré des alternances d’étiquettes, réduisent le choix entre le pire et le moins pire et nourrissent le fatalisme.

L’autre fait majeur de ce scrutin est la percée institutionnelle de l’extrême droite. L’élection présidentielle a confirmé le poids politique du RN avec 13 millions de voix au second tour. Mais pour la première fois, le parti néofasciste transforme l’essai aux législatives. Ce sera davantage d’accès médiatique et de moyens financiers dont le RN va disposer pour se renforcer et préparer la prochaine élection nationale. La stratégie de normalisation recherchée par Marine Le Pen a été couronnée de succès. Et elle le doit en grande partie au macronisme : pendant 5 ans Macron et ses soutiens ont promu les thèses identitaires et racistes de l’extrême droite, puis ils ont franchi une nouvelle étape en mettant sur un pied d’égalité gauche et extrême droite. Ces gains institutionnels de l’extrême droite s’ajoutent aux soutiens médiatiques et placent aujourd’hui l’extrême droite en position de force. Attac ne se résout pas à cette banalisation de l’extrême-droite et de ses idées. Il s’agit bien de tout faire pour empêcher la poursuite de ce mouvement et de cette progression mortifère pour les droits sociaux, les libertés individuelles et collectives.

Si la radicalisation de la droite se traduit par le renforcement du Rassemblement National, l’émergence d’un troisième bloc à gauche sur des bases anti-libérales est une bonne nouvelle. Au niveau national, 149 circonscriptions basculent plus à gauche, 105 ont un·e élu·e plus à droite qu’en 2017, tandis que le reste des circonscriptions conservent la même famille politique. Face au bloc néolibéral et à l’extrême droite, la gauche a la possibilité d’incarner une alternative, à condition d’élargir son assise et de convaincre au sein des classes populaires et de la jeunesse de la nécessité de s’engager dans le débat citoyen et les mouvements sociaux.

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L’incertitude politique des prochains mois sera importante, avec un gouvernement empêché, une droite et une extrême droite en embuscade, des incertitudes sur la capacité des forces de gauche à prendre soin de l’espoir qu’elles ont suscité. Le risque pour les mouvements sociaux seraient de rester dans l’attente d’une clarification politique. Or, nous avons un rôle essentiel à jouer pour défendre nos acquis, nous engager dans la bataille idéologique, proposer des alternatives et construire des solidarités concrètes.

Attac France s’investira pleinement dans les prochains mois pour s’opposer aux tentatives de casse de nos conquis sociaux, et notamment les retraites. Si le projet du gouvernement n’est pas précisément dévoilé, nous savons que ses intentions sont de faire travailler les français·es plus longtemps. Ces dernières semaines, les discours justifiant cette contre-réforme ont évolué : selon Bruno Le Maire, il ne s’agit plus d’assurer la pérennité du financement de notre système de retraites mais de financer de nouvelles baisses d’impôts et de taxes. Ainsi, le président des riches veut faire travailler plus longtemps l’ensemble de la population pour garantir davantage de richesses à la minorité de la population la plus aisée. Nous avons également la responsabilité de bloquer la destruction en cours de nos services publics, notamment de santé et d’éducation.

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Nous serons également de tous les combats pour garantir, alors que l’inflation est forte, l’accès de tou·tes aux besoins essentiels et imposer une réelle bifurcation écologique et sociale, en particulier avec nos partenaires de l’alliance écologique et sociale « Plus Jamais ça ». À la rentrée, nous démontrerons que les luttes pour la justice sociale et environnementale peuvent procéder d’un même mouvement, en nous attaquant aux super profits des multinationales du pétrole et de l’agro-industrie pour financer les besoins sociaux et environnementaux. C’est enfin par notre militantisme local et quotidien, à Attac, dans des syndicats ou d’autres mouvements que nous reconstruirons les collectifs et les solidarités nécessaires pour imposer une alternative à l’extrême droite et au néolibéralisme.

Annick Coupé et Julien Rivoire.

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