Accord UE-Mercosur : la Commission européenne passe en force. Que fait Emmanuel Macron ?

jeudi 4 septembre 2025, par Collectif Stop CETA/Mercosur

C’est avec consternation et détermination que le collectif Stop UE-Mercosur accueille l’annonce par la Commission européenne de l’adoption de l’accord ce mercredi 3 septembre. Avec nos partenaires européens, nous allons redoubler d’efforts dans les semaines à venir pour empêcher que cet accord de libre-échange ne soit pas ratifié.

C’est avec consternation, et détermination, que le collectif national Stop Mercosur accueille l’annonce par la Commission européenne de l’adoption de l’accord UE-Mercosur, et de l’accord UE-Mexique, lors de sa réunion du Collège des commissaires ce mercredi 3 septembre. D’abord parce que cette décision transcrit un nouveau passage en force de l’exécutif européen et le refus d’entendre les très vives critiques émises sur le contenu de cet accord nocif pour le monde agricole, mais aussi sur les plans écologiques, sociaux et du respect des droits des populations. La décision de scinder ("splitting") l’accord en deux afin de faciliter la ratification de la partie commerciale de l’accord contourne le droit de veto des États au Conseil et la possibilité pour les Parlements nationaux de se prononcer, en contradiction avec la nature première de cet accord d’association.

Le collectif national Stop Mercosur est également révolté car Emmanuel Macron s’était engagé à plusieurs reprises à « tout faire » pour que cet accord « ne suive pas son chemin » (salon de l’agriculture - fév. 2025) : depuis 5 ans, la France s’est surtout illustrée par des tergiversations coupables et le refus de traduire en actes à Bruxelles les engagements pris devant l’opinion à Paris. Jamais les moyens diplomatiques adéquats n’ont été mobilisés par Paris pour constituer une minorité de blocage, dénoncer le mandat de négociations et stopper leur finalisation. Jamais Paris n’a fait en sorte que ses prétendues "lignes rouges", notamment sur la lutte contre la déforestation, le réchauffement climatique et la nature des produits importés, ne soient respectées.

L’accord de libre-échange UE-Mercosur est le plus controversé des accords négociés ces dernières années. La décision de la Commission de le transmettre au Conseil pour ratification après 25 ans de négociations ne marque pas la fin de l’histoire : le conseil, ainsi que le Parlement européen, doivent encore se prononcer. Avec nos partenaires européens, le collectif national Stop Mercosur et ses organisations membres vont redoubler d’efforts dans les semaines à venir pour empêcher que cet accord de libre-échange ne soit ratifié.

Organisations membres du collectif national Stop CETA-Mercosur :
ActionAid France, Aitec, Amis de la Terre France, Attac France, Confédération Paysanne, CGT, Greenpeace France, Fédération Artisans du Monde, Fondation Copernic, foodwatch, FNE, FSU, Solidaires, etc

Réactions des membres du collectif national Stop-Mercosur :

Pour Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac France :

Emmanuel Macron a dupé les français en faisant croire à une opposition de la France au traité de libre-échange entre l’Union européenne et le Mercosur. Il est temps de stopper les accords de libre-échange qui contribuent au dérèglement climatique, sont une menace pour notre santé, détruisent l’agriculture paysanne et ne servent les intérêts que d’une minorité.

Fanny Metrat, porte-parole de la Confédération paysanne :

Nous dénonçons le manque de détermination de l’état français face a l’accord UE/ Mercosur. Cela releve malheureusement sans surprise sa volonte d’accélérer l’industrialisation de l’agriculture. Intention confirmée par le soutien du gouvernement français a la loi duplomb et son obsession pour la compétitivité. Ces stratégies libérales sont mortifères pour tous les paysans-nes.

Pour Clément Helary, chargé de campagne pour Greenpeace France :

L’accord commercial entre l’UE et le Mercosur est présenté par certains comme un moyen de rapprocher l’Europe et l’Amérique latine. Mais la réalité est que cet accord augmentera la pression de l’agriculture industrielle sur les territoires des peuples autochtones et les écosystèmes, notamment en Amazonie qui est déjà proche du point de bascule, tout en enrichissant les acteurs économiques qui ont des pratiques prédatrices et destructrices. Les dirigeants français et européens se rendront bientôt en Amazonie pour la COP30. Ils doivent rejeter l’accord UE-Mercosur, pour pouvoir affirmer qu’ils luttent contre la destruction des écosystèmes et pour une agriculture durable.

Pour Karine Jacquemart, directrice générale de foodwatch :

En enfonçant la porte avec la loi Duplomb d’un côté et en laissant entrer l’accord UE-Mercosur par la fenêtre de l’autre, E.Macron et ceux au pouvoir ne sont décidément pas du côté de la majorité des agriculteurs et agricultrices, de la santé, d’une alimentation saine, ni de l’environnement et ne sont pas un déni de démocratie près...

Pour Chloé Rousset, chargée de campagne pour ActionAid France

La Commission Européenne s’est lancé dans une course « urgente » à la « compétitivité », justifiant la destruction des avancées sociales et environnementales, et ce type d’accord, pourtant décrié par le monde agricole et la société civile française. A quand des politiques centrées sur les droits des paysans, le droit a l’alimentation, le respect de l’environnement et la justice ?

Pour Aude Lorion, chargée de mission filières de commerce équitable à la Fédération Artisans du Monde :

La mobilisation citoyenne des prochaines semaines sera décisive pour bloquer cet accord qui profiterait à une minorité tout en détruisant les moyens de subsistances des communautés locales, paysannes et autochtones d’Amérique latine. Nous ne lâcherons rien car nous ne pouvons laisser passer cette bombe sanitaire, environnementale et sociale qui ouvrirait la porte à d’autres.

Pour Maxime Combes, économiste à l’Aitec et co-animateur du collectif national Stop-Mercosur :

Renforcer les liens culturels, politiques, géopolitiques et mêmes économiques entre l’UE et les pays du Mercosur exige non pas la libéralisation des marchés transatlantiques de biens et services mais une lutte conjointe déterminée et solidaire contre le réchauffement climatique, la perte de biodiversité, la déforestation et pour la reconversion écologique et sociale des filière les plus nocives et la souveraineté alimentaire garantissant activité et rémunération aux paysannes et paysans des deux côtés de l’Atlantique ».