A Nice, répression disproportionnée contre des activistes

lundi 28 octobre 2019, par Attac France

A Nice, samedi 26 octobre, 9 activistes membres des Gilets Jaunes, d’Extinction Rebellion et d’Attac, ont été arrêtés après avoir mené une action dénonçant l’évasion fiscale de la Société générale et ses investissements dans les énergies fossiles.

La répression que les militant·e·s ont subi apparaît totalement disproportionnée pour une action symbolique ayant sali une des banques françaises les plus sales, à l’aide de blanc de Meudon et de charbon, donc sans dégradation lourde. Les 9 sont restés 48h en garde à vue, plusieurs d’entre eux ont été perquisitionnés, 8 ont été déférés au parquet et sont soumis à un contrôle judiciaire en attendant leur audience, ce qui leur impose un pointage au commissariat tous les 15 jours, leur interdit de se rencontrer et de participer à une manifestation dans le périmètre de la Société générale ! Huit d’entre elles sont poursuivies pour les chefs de « dégradations graves en réunion » et de « participation à un groupement formé en vue de commettre des dégradations ». La neuvième personne n’est poursuivie que du chef de complicité de dégradations. Elles devront comparaître devant le tribunal correctionnel le 10 février et encourent jusqu’à cinq ans d’emprisonnement et 75.000 euros d’amende.

De plus, quelle ne fut pas notre surprise de découvrir les propos tenus par Jean-Michel Prêtre dans Nice Matin. Le procureur de la République pris en flagrant délit de mensonges dans l’affaire Geneviève Legay et qui va être rétrogradé et muté à Lyon le 1er novembre, justifie le maintien en garde à vue pour 48h des activistes par la présence « de gens relativement organisés, qui s’étaient fixé rendez-vous pour la livraison du matériel et la mise en œuvre du projet ». C’est pourtant le cas de toutes les actions de désobéissance civile !

Dans une dépêche AFP, un représentant du parquet indique que « M. Prêtre n’est pas intervenu, c’est un faux procès, il n’y a eu aucun traitement particulier réservé à ces personnes ». Selon nos informations, il y avait en effet un substitut du procureur de permanence ce week-end. Mais son supérieur hiérarchique est bien Jean-Michel Prêtre et c’est ce dernier qui a répondu à Nice Matin.

De plus, Attac a déjà mené des dizaines d’actions sur les vitrines des banques partout en France, sans que cela n’occasionne un tel niveau de répression. Cette répression s’inscrit dans un contexte particulier après l’affaire Geneviève Legay. La porte-parole d’Attac 06 avait été grièvement blessée par la police lors d’une manifestation des Gilets Jaunes le 23 mars 2019. Cette affaire avait sérieusement ébranlé les autorités judiciaires et la police niçoises.

Depuis, plutôt que faire profil bas, la police et la justice azuréennes semblent s’acharner sur les militant·e·s.
Ainsi, Olivier Sillam, militant de la FSU, sera poursuivi au tribunal de Nice le 19 décembre avec 3 co-accusé·e·s pour « outrage, rébellion et violence » après avoir chanté des slogans hostiles à la police lors d’une manifestation syndicale pacifique le 9 mai dernier. Puis, le même Olivier Sillam a fait 7 heures de garde à vue et a été perquisitionné pour avoir chanté des slogans tels que « Souchi en prison » ou « Plus de cunni, moins de Souchi », lors de la Marche des fiertés le 27 juillet. Rabah Souchi était le commissaire qui avait ordonné la charge policière ayant entraîné les blessures de Geneviève Legay, tandis que les gendarmes refusaient de participer à cette charge qu’ils considéraient « disproportionnée ».
Quant à Cedric Herrou, il a été arrêté samedi 26 octobre près de la frontière italienne et a subi sa 11e garde à vue, accusé d’« aide à l’entrée d’étrangers en situation irrégulière » alors que les compagnons Emmaüs qui l’accompagnaient étaient en situation régulière.

Selon Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac France, « quand la police et la justice s’acharnent ainsi contre des militant·e·s, on peut se demander si dans les Alpes-Maritimes l’État de droit existe encore. Il est grand temps que le procureur Prêtre soit mis hors d’état d’exercer sa vengeance contre les militant·e·s.  »

Me Mireille Damiano, avocate et une des fondatrices de l’Observatoire Droits et Libertés 06, dénonce « une aggravation de la répression dans le but de bloquer tout esprit de contestation et de faire en sorte d’assécher la liberté d’expression et de manifester. »

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