Des vingt ans d’Attac France aux dix-huit ans d’Attac Allemagne.

mardi 3 avril 2018, par Plihon Dominique

Créée en janvier 2000, Attac Allemagne est aujourd’hui la plus importante des Attac avec environ 29 000 membres. Attac Allemagne est engagée à nos côtés dans des campagnes communes. Peter Wahl, membre actif d’Attac Allemagne depuis sa création, répond ici à nos questions.

Comment expliquez-vous la création d’Attac Allemagne ? Y a-t-il des différences avec Attac France ?

L’idée de créer Attac a surgi après le G8 en 1999 à Cologne. Beaucoup de gens en avaient marre de ce récit selon lequel la mondialisation ferait le bonheur de toutes et de tous. En même temps, on subissait ce gouvernement de « gauche » de Schröder, qui venait de manifester son caractère réactionnaire dans la guerre du Kosovo. L’opposition au Bundestag était dirigée par Angela Merkel ! C’est dans ces circonstances qu’on a préparé la fondation d’Attac dès septembre 1999. En décembre, il y eut les évènements de Seattle, qui nous ont permis d’avoir le vent en poupe. La conférence fondatrice, le 22 janvier 2000 à Francfort, a donc pu être un grand succès. En outre, nous étions inspirés par l’exemple français. On avait invité le « responsable international » d’Attac France de l’époque pour prendre la parole à Francfort.

En ce qui concerne les différences par rapport à la France, notre fonctionnement interne a toujours été moins centralisé que le vôtre. Mais pour le contenu politique, c’était à peu près la même chose et on a repris pas mal de vos positions et analyses.

Quels ont été les principaux axes d’action d’Attac Allemagne ? Quels sont vos modes d’action ?

Au début, c’était avant tout la critique du capitalisme financier avec la taxation des transactions financières (TTF) comme revendication centrale. Mais le programme s’est bientôt élargi : commerce mondial, OMC, FMI, privatisations, la question de la paix. Par exemple, nous avons été l’un des principaux organisateurs de la manifestation à Berlin en 2003 contre la guerre en Irak, avec un demi-million de participants. Également, dans le mouvement contre les politiques d’austérité, le fameux Agenda 2010, on a joué un rôle de « déclencheur » ; la première manifestation contre ce projet avec 100 000 personnes fut initiée par nous. Quinze jours après, on a été invité par la direction des syndicats pour discuter le follow-up. On faisait aussi partie de la campagne contre le Traité constitutionnel européen de 2005. Plus tard, dans les actions en 2008 contre le G8 à Heiligendamm, on a eu un impact médiatique extrêmement important, hélas jamais retrouvé depuis. Attac a aussi contribué à créer le climat pour la fondation du parti Die Linke ; pas mal d’ancien.ne.s membres d’Attac y jouent un rôle non négligeable.

Nos modes d’action vont des publications, livres, séminaires, conférences et autres formes d’éducation populaire depuis la manifestation classique jusqu’à l’action de désobéissance civile.

Attac Allemagne participe à plusieurs campagnes dans l’Union européenne. Quelles sont-elles ? Faut-il développer le réseau des Attac d’Europe ?

On participe aux campagnes contre le TAFTA et le CETA. On reste aussi dans la bataille pour la TTF, d’autant plus que Macron semble vouloir l’abandonner. Le réseau européen est très important pour nous. C’est pourquoi nous soutenons des initiatives comme les Universités d’été communes.

Quel bilan tirez-vous de votre action ? Vos succès, échecs ?

Attac Allemagne, en soi, est déjà un succès. Se posent pourtant de nouvelles questions : la dynamique du mouvement altermondialiste s’est affaiblie ; la gauche en général n’a pas de réponses face à l’essor de la nouvelle droite. Notamment en Allemagne, elle ne trouve pas encore une troisième position propre et indépendante entre le mainstream de la gauche libérale et la nouvelle droite. Face à des bouleversements inouïs dans le monde, nous nous trouvons dans une période de réorientation stratégique, dont nous ne connaissons pas encore l’issue.

En 2018, quels sont vos projets ?

On participe à la campagne « 10 ans après le crash financier » et à celle contre les paradis fiscaux. Le projet le plus intéressant est un congrès sur l’Europe. Pour nous, l’Europe n’est pas seulement l’Union européenne ; la gauche allemande est, pour des raisons historiques, toujours très européiste. Avec ce congrès, on veut contribuer à atteindre le niveau de critique que l’on trouve ailleurs. Avec la participation d’experts comme Frédéric Lordon, on espère arriver à la hauteur des débats européens en cours.

Propos de Peter Wahl recueillis par Dominique Plihon

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