Le FMI écrase l’humanité

mardi 17 mai 2011, par Jean-Marie Harribey

Le monde vit une crise monumentale, simultanément sociale, économique, financière et écologique. La plupart des commentateurs ferment les yeux sur les causes réelles de tous ces désastres, résultats d’une logique d’accumulation invraisemblable et d’enrichissement vertigineux d’une minorité de nantis. Tandis que cette minorité profite de cette crise pour accentuer encore davantage la pression exercée sur les populations, sur les travailleurs, sur les quelques institutions collectives qui survivent encore comme celles de la protection sociale et des services publics.

Le Fonds monétaire international et toutes les institutions sœurs comme la Banque mondiale et l’Organisation mondiale du commerce, les directoires autoproclamés comme le G8 et le G20, tous ont mené et mènent des politiques qui mettent à genoux les peuples. Le FMI et l’Union européenne n’ont pas sauvé la Grèce, ils l’ont assommée. Ils n’ont pas sauvé l’Irlande et le Portugal, ils ont conforté leurs gouvernements dans la volonté de ceux-ci de faire payer la crise aux victimes de la crise et non à leurs responsables. Une preuve supplémentaire en est donnée par la préparation du « pacte pour l’euro » par les gouvernements français et allemand et la Commission européenne, dont le Parlement européen est actuellement saisi.

La pression médiatique pour donner du FMI une image de sauveur suprême est une mystification : le programme de privatisations exigé de la Grèce prévoit de brader entre autres la compagnie de chemin de fer et celle d’électricité, et de ne pas l’avoir encore fait depuis un an serait la cause des difficultés persistantes rencontrées par ce pays. Cet acharnement ne s’explique pas autrement que par le refus d’envisager la nécessaire annulation d’au moins une bonne partie de la dette publique grecque, annulation dont pâtiraient les créanciers privés qui entendent jouer en permanence sur tous les tableaux : profiter des allègements fiscaux et des déficits publics pour jouir de la rente et attendre que les entreprises publiques tombent dans leur escarcelle.

Il faut avoir l’idéologie néolibérale chevillée au corps pour déclarer à l’instar de Robert Badinter que « le FMI a retrouvé son éclat » ; et s’émerveiller de « l’excellence de son action » (France Inter, 17 mai 2011, 8h20. Et Christine Lagarde de surenchérir en proclamant qu’il fallait immédiatement privatiser en Grèce.

Il faut atteindre le degré zéro de l’incompétence économique pour ne pas comprendre que plus on impose l’austérité, plus les chances de restaurer les finances publiques s’amenuisent parce que le ratio de la dette par rapport à la richesse produite augmente mécaniquement.

L’impasse néolibérale se situe là : vouloir réunir à tout prix les conditions d’un « retour de la Grèce – et d’autres – sur les marchés financiers ». C’est la corde raide, un exercice d’équilibriste impossible car ce sont les marchés financiers qui sont la source de la crise de la dette publique et car, envers et contre tout, les gouvernements et les institutions financières veulent maintenir l’emprise de ces marchés sur les sociétés et les peuples.

Les prochaines échéances constituées par les réunions en France du G8 et du G20, en présence du représentant du FMI, seront une nouvelle fois l’occasion de constater la collusion des forces économiques du capitalisme, des gouvernements néolibéraux et de leurs institutions internationales pour non pas nous sortir de la crise mais pour nous y plonger un peu plus. Toutes les velléités de nouvelle régulation sont restées lettre morte : paradis fiscaux, circulation des capitaux, rémunérations des banquiers, etc. Ne parlons pas de la « moralisation »…

Voilà la nouvelle de ce week-end dont les médias se gardent bien de parler : le FMI fait tomber le monde bien bas et, avec de telles politiques, les classes dominantes veulent se l’approprier définitivement. Le FMI est un symbole : celui de l’argent, celui du pouvoir, celui de l’arrogance, celui du mépris, le tout accompagné du sentiment d’impunité perpétuelle.

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