Contribution d’Attac France à la consultation de la Commission Européenne
« Les combustibles fossiles non conventionnels (par ex. le gaz de schiste) en Europe »
http://ec.europa.eu/yourvoice/ipm/forms/dispatch?form=SHALEGAS&lang=fr
La consultation publique que la Commission européenne a ouvert [1] considère pour acquis « le développement des combustibles fossiles non conventionnels » et elle cherche à « l’accompagner de garanties sanitaires, climatiques et environnementales adéquates et d’un maximum de sécurité et de prévisibilité juridiques ».
Attac France réaffirme au contraire, avec fermeté, son opposition totale à l’exploration et l’exploitation de nouveaux combustibles fossiles en France, en Europe et ailleurs sur la planète. Affirmée avec force par plus de 40 organisations européennes en avril 2012 [2], cette position prend au pied de la lettre la décision prise lors de différentes conférences internationales et consignée dans les politiques et directives européennes, visant à tout faire pour stabiliser le climat et ne pas dépasser les 2°C de réchauffement climatique global d’ici la fin du siècle.
Pour ne pas aller au-delà de cette limite fatidique, l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) a écrit dans son rapport [3] annuel World Energy Outlook 2012, que « notre consommation, d’ici à 2050, ne devra pas représenter plus d’un tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles ». Ce qui revient à laisser dans le sol plus des deux tiers des réserves prouvées de combustibles fossiles. Ces résultats sont bien connus [4] et les ordres de grandeur sont indiscutables : il faut laisser dans le sol la majorité des réserves actuelles et conjointes de pétrole, de gaz et de charbon.
A quoi bon donc poursuivre les explorations et forages pour extraire du pétrole, du gaz ou du charbon toujours plus loin, toujours plus profond ? Extrêmement coûteuses et dévastatrices pour l’environnement et les populations [5], les explorations d’hydrocarbures non conventionnels, comme les gaz et pétrole de schiste, ne sont donc pas compatibles avec les objectifs climatiques que se sont donné la Communauté internationale et l’Union Européenne. Avec ce parti pris visant à « accompagner » « le développement des combustibles fossiles non conventionnels », la Commission européenne foule aux pieds ces engagements.
Attac France exige donc de la Commission européenne, du Conseil européen et du Parlement européen qu’ils prennent la seule décision possible, fondée sur le respect des objectifs que se sont fixé l’Union Européenne et ses États membres, consistant à décréter un moratoire général sur toute nouvelle exploration d’hydrocarbures sur le sol européen. Il ne s’agit donc pas d’encadrer la fracturation hydraulique mais de laisser dans le sol les hydrocarbures.
Une telle décision libérerait les financements nécessaires aux politiques de sobriété et d’efficacité énergétiques dont nous avons besoin pour transformer profondément nos modèles de production et de consommation.
Tout autre décision qu’un tel moratoire reviendrait à nier le réchauffement climatique global et miner les engagements et toute crédibilité de l’Union européenne en matière climatique.
Attac France, le 21 mars 2013.