Victoire de Lula : entre soulagement et vigilance

mardi 1er novembre 2022, par Attac France

Avec 50,9% des voix, c’est une victoire sur le fil qu’a obtenue Lula ce dimanche 30 octobre. Le pouvoir présidentiel brésilien n’est plus entre les mains de l’extrême-droite et c’est un soulagement pour toutes les populations contre lesquelles Jair Bolsonaro a mené une véritable guerre économique, sociale et armée au cours de son mandat.

Attac renouvelle son soutien aux luttes qu’elles ont menées malgré la répression, qu’il s’agisse des femmes, des populations autochtones, des personnes noires, des LGBTQIA+ ou des plus précaires.

Le retour de Lula au pouvoir est une bonne nouvelle pour l’Amazonie. Sous la présidence de Bolsonaro, 720 km en moyenne ont été déboisés chaque mois en Amazonie, c’est deux fois plus que sous ses prédécesseurs (Rousseff et Temer). 17% de la forêt amazonienne est malheureusement détruite et l’équivalent de la surface de la Belgique a été rasé entre 2019 et 2021. L’offensive a été brutale et menée au nom du progrès et de la modernité économique.

Pour Bolsonaro et le lobby de l’agro-business, les peuples autochtones ont constitué un obstacle intolérable. Jamais leurs droits n’auront été autant violés. 430 opposant·es autochtones au régime ont été assassiné·es entre 2018 et 2022. Dans le même temps, les invasions illégales de terres indigènes ont augmenté de 141%. L’extractivisme et l’accaparement des terres se sont accélérés sous l’effet d’un sentiment d’impunité nourri par le blanc seing octroyé par un pouvoir qui dans le même temps diminuait de 25% le budget de l’Agence fédérale de protection de l’environnement.

Sur ces différents aspects, l’élection de Lula représente un espoir. Entre 2003 et 2010, sous ses précédents mandats, la déforestation avait diminué de 80%. En tant que candidat, il a également promis la création d’un ministère des Indigènes et une tolérance zéro contre l’orpaillage.

Toutefois, la vigilance est de mise. L’expérience montre qu’une fois au pouvoir, l’extrême droite ne le rend pas sans protestation. Au Brésil, elle continue par ailleurs et malheureusement de s’implanter. 14 États sur 27 sont désormais gouvernés par l’extrême droite, en plus d’un parlement qui penche à droite et au sein duquel les bolsonaristes sont plus nombreux que les lullistes. Ils constitueront le principal contre-pouvoir à l’action de Lula.

Solidaire des mouvements sociaux brésiliens, qui sont ses partenaires, Attac suivra par ailleurs de près l’action du nouveau président, notamment en ce qui concerne la ratification de l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur. Celle-ci est bloquée depuis trois ans et notre mobilisation commune lorsque des feux ont dévasté l’Amazonie et au moment du G7 à Biarritz en août 2019.

Emmanuel Macron avait rétropédalé et prétendu s’inquiéter pour les droits des peuples autochtones et les impératifs écologiques. Quelques temps auparavant, il s’était pourtant félicité de l’achèvement des négociations en faveur de cet accord qui encouragerait l’agro-business, protégerait l’intérêt des multinationales en les faisant primer sur toute autre considération sociale, écologique ou relative aux droits humains.

Si Attac se félicite de la victoire de Lula et surtout de la non reconduction de Bolsonaro, nous appelons à ne pas démobiliser. La solidarité avec les mouvements sociaux brésiliens demeure nécessaire dans la lutte qu’ils mènent contre une extrême droite qui demeure puissante mais aussi contre des pouvoirs publics peu enclins à s’affronter avec la force nécessaire aux lobbies de l’agro-business extractiviste.

P.-S.

Crédit photo : Tutz Dias, licence Unsplash

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