Retrouvez le sommaire de ce quarante-deuxième numéro.
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Introduction : Dans le chaos du monde, l’État de droit résiste encore (Jean-Marie Harribey)
Nous proposons aux lecteurs de voir ce nouveau numéro des Possibles dans la continuité des deux précédents, tellement les crises et les bouleversements s’enchaînent les uns après les autres. Ils nous obligent à penser un cadre d’analyse à tâtons, par petites touches, avec plus d’interrogations que de réponses. Le fil d’Ariane n’apparaît qu’en pointillés. Pour cette raison, nous suggérons de revenir si nécessaire aux fragments que nous présentions lors de l’année dernière et au début de celle-ci. Si l’ensemble ne dit pas tout, il forme néanmoins un tout.
Dossier : Du chambardement du monde au chaos, voie sans issue
Première partie : Triste état des lieux
« America First » et le grand chambardement des relations internationales (Gilbert Achcar)
Selon Trump et ses acolytes, l’Amérique a dépensé d’énormes sommes d’argent pour protéger ses alliés, en particulier les pays riches parmi eux. Il est temps pour ceux-ci de rembourser la dette. La vérité historique, cependant, est très différente de cette représentation simpliste des choses. La logique de « l’Amérique d’abord », adoptée par le mouvement néofasciste américain connu sous le nom de MAGA, peut sembler rationnelle à ceux qui ne sont pas familiers avec l’histoire économique des relations internationales.
Le retour de Trump sonne-t-il la fin du libre-échange ? (Nicolas Roux)
Le retour au pouvoir de Donald Trump et l’annonce de nouveaux droits de douane bouleversent encore davantage l’ordre néolibéral qui régit le commerce international depuis les années 1990. Si ces mesures creusent un fossé au sein du camp occidental, elles s’inscrivent pourtant dans une certaine continuité de la politique américaine. Assiste-t-on pour autant à la fin du libre-échange ?
Plus destructeur et plus profitable : l’injonction de Trump au système militaro-industriel des États-Unis (Claude Serfati)
Portées par des vents d’Ouest, de folles rumeurs ont parcouru les grands médias français au cours des derniers mois : Trump n’est pas intéressé par les guerres. Le désir répété de partager les ressources minérales de l’Ukraine avec la Russie, qui s’en est déjà appropriée environ un-tiers ? Le soutien militaire accru à Israël dans sa guerre à Gaza et la discussion d’un plan B (ou A) avec Netanyahou pour l’aider à réaliser son rêve de détruire le régime iranien ? La menace de ne pas défendre l’Europe, sauf si elle dépense plus pour sa défense contre la Russie ? Tout cela ne relèverait pas du militarisme, mais d’une conception pragmatique et « transactionnelle » du Président Trump.
Le technomasculinisme comme moteur du néo-impérialisme : la domination sans entraves (Stéphanie Lamy)
Au cœur de l’écosystème technologique états-unien s’affirme une idéologie singulière, à la fois structurante et mal nommée : le technomasculinisme. Derrière les discours sur l’innovation, l’intelligence artificielle et la souveraineté individuelle, se tisse un récit de domination, fondé sur une masculinité hégémonique, blanche et technosavante. Ce récit, loin d’être marginal, irrigue les centres névralgiques du pouvoir américain — de la Silicon Valley à la Maison-Blanche, en passant par le Pentagone. Il opère comme une extension du néolibéralisme états-unien, dans une version dérégulée, extractive et autoritaire, qui écarte la doctrine d’ouverture fondée sur le soft power — promue depuis des décennies — pour lui substituer les seuls moyens du hard power.
Deuxième partie : La corruption s’étend
Lutte anticorruption : en 2024, des revers inquiétants malgré des victoires importantes (Kahina Saadi)
« Je ne suis pas libre aujourd’hui parce que le système a fonctionné. Je suis libre aujourd’hui après des années d’incarcération parce que j’ai plaidé coupable d’avoir fait du journalisme », a déclaré le fondateur de WikiLeaks. La libération de Julian Assange a eu lieu le 25 juin 2024. Si elle est une bouffée d’oxygène, le fait qu’elle intervienne au prix de tant d’années de privation de liberté et d’un accord de plaider coupable illustre la fragilité des victoires de l’année 2024 contre la corruption.
Biens mal acquis, près de 10 ans après le début du premier procès en France, où en est-on ? (Sara Brimbeuf)
En octobre 2017, pour la première fois en France, un tribunal condamnait un chef d’État étranger en exercice pour des faits de blanchiment de détournement de fonds publics. Teodoro Nguema Obiang Mangue, vice-président de la Guinée équatoriale et fils du président de ce pays d’Afrique de l’Ouest de 1,8 million d’habitants, dont le sous-sol regorge de richesses minières, plus connu sous le surnom de Teodorin Obiang, s’était construit durant des années en France un patrimoine immobilier et mobilier de plusieurs dizaines de milliers d’euros avec de l’argent public détourné.
Les fictions de l’incorruptible, Corruption structurelle et néolibéralisme autoritaire (Christiane Vollaire)
Dans la pensée d’Aristote, la corruption a d’abord un sens métaphysique : une mutation qui fait perdre à un être sa substance, ou son essence. La corruption fait donc qu’un être cesse d’être ce qui le définit. D’un point de vue physique, la corruption s’oppose à la génération, comme ce qui produit la mort s’oppose à ce qui produit la vie. Un cadavre est, par excellence, une métaphore de la corruption : sous une apparence similaire à celle du vivant, se cache ce qui en est le contraire et va se dévoiler, précisément, par la décomposition. Il y a donc une dimension parfaitement insidieuse de la corruption, qui ronge progressivement et subrepticement l’essence même de ce qu’on pouvait définir jusque-là comme « un », tout en en maintenant un certain temps les apparences.
Troisième partie : Éléments d’analyse
Par-delà les alliances (Bertrand Badie)
Nous changeons de monde sans nous en apercevoir suffisamment à temps : la décolonisation, la chute du Mur, la mondialisation sont autant de ruptures fortes dont on a eu tort de penser, dans le vieux monde occidental, qu’elles laisseraient tout en l’état de jadis. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump a en fait servi de révélateur : les catastrophes sont toujours là pour révéler les faiblesses et indiquer où et comment le bât blesse dans le jeu international...
Le trumpisme est-il une aubaine pour la Turquie d’Erdogan ? (Ahmet Insel)
La Turquie a toujours utilisé sa position géographique comme une source de rente stratégique. Disposant de faibles ressources naturelles, elle essaye, depuis la proclamation de la République en 1923 et surtout après 1945, de transformer sa localisation entre l’Europe, la Russie et le Moyen-Orient en une rente stratégique dont la finalité a été jusqu’à récemment sécuritaire avant d’être économique et financière.
Avec la fin de l’« Occident », l’avenir de l’Europe se joue au Sud (Guillaume Duval)
Il ne suffit pas de constater que nous changeons d’ère géopolitique. Reste à définir positivement quelle stratégie nous souhaitons développer en tant qu’Européens. Trump nous force à changer… mais pour quelle politique ? C’est vers le Sud que nous devons regarder pour définir de nouvelles alliances.
L’A69 : Un désastre, une victoire juridique et un symptôme (Geneviève Azam)
Je ne reviendrai pas sur l’absurdité de cette autoroute, projet ancien comme tant d’autres, sorti plus récemment des tiroirs et imposé par la force. La résistance bigarrée à cette infrastructure logistique parée des atours de la transition écologique a tiré sa force de son ancrage diversifié dans le territoire impacté. Elle a connu un écho national et international car les enjeux locaux sont aussi des enjeux globaux. Ils dessinent un horizon commun aux nombreuses luttes qui s’opposent à une accumulation destructrice des milieux de vie.
Développement des services publics et nouvelle gestion des entreprises des hauteurs de l’économie (Patrice Grevet)
Le développement des services publics et une nouvelle gestion des entreprises des hauteurs de l’économie sont complémentaires. La reconnaissance de cette complémentarité fait difficulté du côté des forces progressistes. Une volonté de dépasser cette difficulté pourrait mobiliser des points d’appui. La note part du programme du Nouveau Front Populaire de 2024.
Sécheresse, évènements climatiques violents : le rôle central du changement de couverture du sol et une nouvelle approche des solutions à la crise climatique (Daniel Hofnung)
On se souvient des tempêtes catastrophiques dans la région de Valence (Espagne) dans la soirée du 29 et la matinée du 30 octobre 2024, avec 491 mm d’eau tombés en 8 heures autour de Chica, ce qui est proche de ce qui tombe en un an, avec 216 victimes. Elles se sont renouvelées, moins graves, le 3 mars 2025 avec 180 mm d’eau. Diverses explications ont été mises en avant : réchauffement climatique, élévation de la température de la mer et aussi la « goutte froide », une masse d’air froid en haute altitude rencontrant de l’air plus tiède de la mer.
Quatrième partie : Questions de vie et de survie
La critique de la civilisation judéo-chrétienne de Sophie Bessis (Jean-Marie Harribey)
L’historienne Sophie Bessis publie La civilisation judéo-chrétienne, Anatomie d’une imposture (Paris, Les Liens qui libèrent, 2025). Un livre court mais ciselé ; tranchant mais toujours documenté ; engagé mais équilibré. L’autrice examine quand et où s’est imposée cette notion dans le débat public et quels sont les enjeux idéologiques, politiques et géopolitiques de sa domination. Au-delà de sa pertinence historique, l’aggravation des conflits au Moyen-Orient depuis le 7 octobre 2023 et le massacre de Gaza donnent tout son intérêt à ce livre.
Que vaut la vie selon Francis Wolff ? (Jean-Marie Harribey)
Que vaut la vie ? Voilà une question qui peut surprendre au moment où la conscience écologique se fraye un chemin, certes avec des hauts et des bas, au fur et mesure que la crise écologique s’aggrave. C’est pourtant, entre autres, à ce type de question que le philosophe Francis Wolff essaie de répondre dans un livre tout récent La vie a-t-elle une valeur ? (Paris, Philosophie Magazine Éditeur, 2025). Le livre suscitera sans doute nombre de discussions parce qu’il prend à rebrousse-poil la plupart des jugements qui sont émis au sein de la galaxie écologiste au sujet des rapports entre l’humanité et la nature, certains disent même des rapports entre tous les vivants.
À l’attention des lecteurs, note sur le statut de la revue Les Possibles
La revue Les Possibles a maintenant quatre ans d’âge et sa diffusion progresse régulièrement. Nous rappelons qu’elle fut créée à l’initiative du Conseil scientifique d’Attac pour être un lieu de débat théorique sur la nécessaire transformation de la société, aujourd’hui minée par le capitalisme néolibéral. Dès lors, ouverte à toutes les personnes qui s’inscrivent dans cette perspective, elle est indépendante de l’association Attac, le contenu des articles est de la responsabilité de leurs auteurs et n’engage pas l’association. La diversité des sujets, des auteurs et des disciplines témoigne de la volonté de garantir le pluralisme des idées. Le choix des thèmes et le respect des règles du débat scientifique et démocratique sont assurés par un comité éditorial dont la composition figure à la fin du sommaire.
Le comité éditorial
Adresse
Attac, 5 villa de la Tourelle, 93100 Montreuil
Directeur de la publication
Jean-Marie Harribey
Secrétariat de la rédaction
Isabelle Bourboulon, Edgard Deffaud, Jean-Marie Harribey, Esther Jeffers, Éric Le Gall, Christiane Marty, Pascal Paquin, Dominique Plihon, Ophélie Vildey
Responsables techniques
Edgard Deffaud, Serge Gardien, Éric Le Gall, Pascal Paquin, Rémi Sergé
Comité éditorial :
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Le Comité éditorial rend hommage à ses membres disparus : Jacques Berthelot, Suzanne de Brunhoff, François Chesnais, François Lille, Michel Husson, Isaac Joshua, Jean Tosti.
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