Pour les organisations de la Plateforme Paradis Fiscaux et Judiciaires : « Il serait inacceptable qu’à l’issue de ce procès Antoine Deltour, Raphaël Halet et Édouard Perrin soient condamnés pour un acte motivé par la préoccupation de l’intérêt général. Au vu de l’immense service rendu aux États membres de l’Union européenne, toute peine (même avec sursis) prononcée à leur encontre enverrait un message incompréhensible aux citoyens. Cela reviendrait en effet à affirmer que ce ne sont pas les entreprises multinationales qui pratiquent l’évasion fiscale ou les cabinets qui l’organisent qui sont condamnées, mais ceux qui dénoncent leurs pratiques ». « Les lanceurs d’alertes devraient être remerciés, et non punis ; il n’y a pas d’autre issue acceptable à ce procès que la relaxe ».
Quelle que soit l’issue du procès, nos organisations insistent sur l’urgence d’offrir un statut global et protecteur aux lanceurs d’alerte. Elles appellent notamment le Gouvernement et les parlementaires français à rectifier le tir dans la loi Sapin 2 [2]. En effet, la définition adoptée le 9 mai dernier en première lecture à l’Assemblée ne protège pas ceux qui, comme Antoine Deltour, dénoncent « une menace ou un préjudice grave pour l’intérêt général ».
Nos organisations rappellent également que ce procès n’aurait jamais eu lieu si de véritables mesures de transparence fiscale étaient en vigueur. Plus précisément, le reporting pays par pays public permettrait de rendre publiques les informations sur les activités et les impôts que les multinationales payent dans tous les pays où elles sont présentes. Or, dans la Loi Sapin 2, le compte n’y est pas : les députés ont en effet adopté en première lecture un reporting qui n’inclut pas l’ensemble des pays où les multinationales ont des activités mais uniquement ceux où elles ont un nombre minimum de filiales [3]. Nos organisations les appellent à étendre, en 2e lecture, ce reporting public à tous les pays sans conditions : un critère indispensable pour lutter efficacement contre l’évasion fiscale, prévenir de nouveaux scandales et éviter que des citoyens comme Antoine Deltour, Raphaël Halet et Édouard Perrin ne se retrouvent injustement sur le banc des accusés.