Lettre ouverte au Président de la République

vendredi 29 mars 2019, par Attac France

Monsieur le Président de la République,

Samedi 23 mars, Geneviève Legay, 73 ans, porte-parole d’Attac 06, a été grièvement blessée par une charge policière, lors de l’acte 19 des Gilets Jaunes à Nice.

Lundi 25 mars, le procureur de la République de Nice a affirmé que Geneviève Legay « n’a pas été touchée par des policiers. Il n’y a aucun contact direct entre un policier et cette dame », une affirmation reprise par le Ministre de l’intérieur et vous-même. Cette version des faits a été sérieusement remise en doute par plusieurs analyses journalistiques des différentes images de la scène. De plus, dans un article publié par Médiapart, jeudi 28 mars, des témoignages concordants affirment que Geneviève a bien été poussée par les forces de l’ordre lors d’une violente charge policière.

Nous dénonçons les contre-vérités qui ont été énoncées et qui visent à dédouaner l’État et les forces de l’ordre de leurs responsabilités dans les très graves blessures de Geneviève Legay et nous souhaitons obtenir toute la vérité sur les circonstances de cette violente agression.

Nous nous inquiétons également, avec de très nombreuses autres organisations de la société civile et des institutions internationales comme l’ONU, des violences policières qui se multiplient depuis plusieurs mois contre des personnes manifestant. Des milliers ont été blessées, des dizaines ont perdu un œil ou une main, du fait des consignes et des armes mises à disposition des forces de l’ordre par les pouvoirs publics.

Ces violences ne sont pas nouvelles et sévissent dans les quartiers populaires depuis de trop nombreuses années. Leur diffusion dans la gestion des manifestations est un prolongement d’une conception répressive du maintien de l’ordre. Ces violences prennent une ampleur considérable, accompagnée de décisions au plus haut niveau de l’État qui restreignent toujours plus le droit de manifester.

C’est contre cette situation que Geneviève Legay souhaitait manifester, pacifiquement et avec sagesse munie d’un drapeau arc-en-ciel « Paix ». Cela lui a valu plusieurs fractures du crâne, des hématomes sous-duraux et cinq côtes cassées. Loin de reconnaître une quelconque responsabilité des pouvoirs publics et des forces de l’ordre, vous lui avez souhaité « une forme de sagesse » car « il faut avoir un comportement responsable », soulignant que quand on est fragile et qu’on peut se faire bousculer, « on ne se met pas dans des situations comme celle-ci ».

Est-ce à dire que l’État français, pourtant si fier de ses méthodes de maintien de l’ordre, considère que celles-ci incluent de façon légitime le fait d’infliger des blessures graves aux individus ?

Est-ce à dire qu’une personne de 73 ans devrait dorénavant abandonner son droit de manifester par crainte de se retrouver à l’hôpital ?

Au regard des témoignages et des informations concordantes révélées par les médias, nous vous demandons, en tant que premier magistrat de France, garant des institutions, de vous assurer que la justice soit rendue de manière impartiale, sans influence politique, et de tirer les conclusions politiques des informations erronées qui ont été transmises et des actes graves commis.

Aurélie Trouvé, Raphaël Pradeau, Dominique Plihon, porte-paroles d’Attac

J’agis avec Attac !

Je m’informe

Je passe à l’Attac !

En remplissant ce formulaire vous pourrez être inscrit à notre liste de diffusion. Vous pourrez à tout moment vous désabonner en cliquant sur le lien de désinscription présent en fin des courriels envoyés. Ces données ne seront pas redonnées à des tiers. En cas de question ou de demande, vous pouvez nous contacter : attacfr@attac.org