« Budget 2025 : l’égalité femmes-hommes échappe aux coupes ». Le titre d’un article de Libération paru le 10 octobre dernier est trompeur. Alors que le 25 novembre, journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes approche, les droits des femmes sont mis à mal par le gouvernement Barnier après avoir été malmenés par les gouvernements précédents malgré la prétendue « grande cause du quinquennat ».
Car l’égalité femmes-hommes échappe peut-être aux coupes pour le budget 2025 mais elle n’y a pas échappé l’année passée. Souvenons-nous, les économies annoncées par Bruno Le Maire en début d’année ont amputé les crédits de la mission égalité femmes-hommes de 10% (7 millions d’euros). Aurore Bergé avait assuré que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) ne seraient pas concernées mais c’est ne pas comprendre le lien entre violences sociales et économiques et VSS.
Quand l’ensemble du budget 2025 peut être considéré comme austéritaire et que les attaques contre les services publics n’ont cessé ces dernières années, pour ne pas dire ces dernières décennies, la dernière annonce en date concerne les arrêts maladies des fonctionnaires. Comme une tribune récente le rappelle fort à propos, les femmes constituent les deux tiers des agent·es des services publics. Toute action gouvernementale consistant à organiser le recul des services publics et la dégradations des conditions de travail dans les différentes fonctions publiques (d’État, territoriale, hospitalière) est fondamentalement et intrinsèquement une politique anti-féministe. Réduire le nombre de fonctionnaires et recourir à la contractualisation, c’est précariser encore davantage les femmes, dont les métiers sont déjà dévalorisés.
Depuis 2017, les politiques macronistes aggravent les inégalités socio-économiques entre femmes et minorités de genre et hommes. La contre-réforme des retraites en est l’un des exemples les plus scandaleux. Cette contre-réforme, imposées aux forceps par un gouvernement minoritaire dans l’opinion comme au Parlement, amplifie les inégalités de rémunération et de carrière. Les femmes retraitées vont demeurer bien moins loties que les hommes retraités. Aux côtés de l’intersyndicale et de nombreuses autres organisations, Attac avait pris toute sa part dans la lutte contre cette réforme. Les Rosies avaient joué un rôle déterminant dans la dénonciation des mensonges du gouvernement et mis en évidence le fait que cette réforme se faisait en grande partie sur le dos des femmes. Le 8 mars 2024, le Manifeste des Rosies affirmait la nécessaire lutte des classes au sein du mouvement féministe. Car rendre les femmes plus vulnérables sur un plan économique, c’est les exposer aux violences sexistes et sexuelles, comme notre note publiée en mars 2024 le rappelait.
Les violences sociales et sexuelles découlent de relations de pouvoir mais il ne faut pas sous-estimer les effets de la culture du viol, en procès depuis le mois de septembre à Mazan. De son côté, l’extrême-droite poursuit son instrumentalisation de la cause féministe à des fins racistes. Nous serons dans la rue le 23 novembre pour réaffirmer avec force que les agresseurs ne sont ni des monstres, ni des hommes dont la culture serait plus patriarcale que la nôtre : ce sont des hommes malheureusement ordinaires, souvent insoupçonnables.
C’est pourquoi Attac s’associe aux deux appels qui appellent à la mobilisation le 23 novembre. Celui de Nous Toutes contre les féminicides, les violences sexuelles et toutes les violences de genre et celui de Grève féministe, qui débute sur un appel clair à la solidarité internationale : « Jin, Jihan, Azadi ».
Fidèle aux principes féministes qu’elle défend, Attac répondra à l’appel à mobilisation et participera aux manifestation organisées dans certaines villes le samedi 23 novembre et le lundi 25 novembre. Là où elles existent, les Rosies contribueront à l’animation des cortèges.
À LIRE
Extrait du livre Manifeste des Rosies : Les Rosies vs les VSS.