La nouvelle politique envers le capital financier international est illustrée par le remplacement du chef de l’unité contre les crimes financiers par des avocats liés aux banques qui étaient justement poursuivies pour blanchiment et recel de capitaux non déclarés (dont HSBC ; le nouveau ministre des finances, d’ailleurs, figure en bonne place dans la « liste Falciani » du HSBC Genève).
Le nouveau gouvernement renforce son contrôle des médias, en annulant une loi qui fixait des limites à la concentration des moyens audiovisuels, par un décret taillé à la mesure d’un puissant oligopole qui a fait campagne pour lui, le Groupe Clarín. De plus, de nombreux journalistes critiques sont renvoyés de radios et chaînes de télévision publiques et privées. Le gouvernement cherche aussi à mieux contrôler le pouvoir judiciaire, qui lui est déjà largement acquis. Il a fortement réduit les fonctions de la Procuration Nationale dont la titulaire en a défendu l’indépendance, et a même essayé de nommer sans l’accord du Sénat deux nouveaux membres de la Court Suprême, avant de faire machine arrière.
Pour faire passer ces mesures au pas de charge, le gouvernement a fait un usage abusif des « Décrets d’Urgence » ; il a ainsi changé des lois en contournant le parlement, où il n’a pas de majorité.
Une chasse aux sorcières s’est déclenchée dans la fonction publique, avec plus de 25 000 employés mis à la porte du jour au lendemain en fonction de leur orientation politique. Ils sont stigmatisés comme étant des « militants » bénéficiant d’emplois fictifs, mais n’ont pas le droit à l’examen au cas par cas de leur situation qui montrerait le contraire. Les services s’occupant de la culture et des droits de l’homme sont particulièrement touchés.
Le nouveau gouvernement remet en cause la politique de non-répression des protestations sociales du précédent. Un cas emblématique est celui de Milagro Sala, une dirigeante sociale et députée au Parlasur (l’équivalent du Parlement Européen) : malgré son immunité parlementaire, elle a été arrêtée sous le chef d’accusation de « tumulte et appel au délit » pour avoir organisé un campement pacifique dans la place centrale de la ville de Jujuy (d’autres accusations ont été ajoutées depuis). Le message est clair : désormais, manifester pacifiquement est un délit. Des protestations pacifiques d’employés licenciés ont aussi été violemment réprimées, et un nouveau « protocole » pour l’intervention de la police dans de tels cas, sans l’intervention d’un juge, est actuellement élaboré. Le gouvernement de Macri cherche à “criminaliser” la contestation sociale que ses politiques économiques et sociales risquent de déclencher. Ce n’est pas la première fois que néolibéralisme et répression sévissent en même temps en Amérique Latine.
Répression contre des employés renvoyés de la Municipalité de La Plata, le 8 janvier 2016 (Alfredo Calcagno)