Le double jeu de la France vis-à-vis du gouvernement criminel israélien

mardi 28 mai 2024, par Attac France

Le massacre en cours en Palestine est la conséquence d’une fuite en avant coloniale et meurtrière qui bafoue le droit international en toute impunité. La France continue le commerce d’armes avec Israël, réprime les manifestations en soutien aux Palestinien·nes et ne met toujours pas de sanctions en place.

Au moins 35 000 personnes ont été tuées à Gaza depuis le début des opérations et bombardements israéliens déclenchés par les attaques du Hamas du 7 octobre. Malgré les conséquences catastrophiques pour les populations civiles de Gaza, déjà déplacées à de multiples reprises, l’armée israélienne continue son opération militaire depuis le 6 mai à Rafah. Mi-mai, 600 000 personnes avaient fui Rafah et 100 000 autres avaient été déracinées du nord de l’enclave, sur fond de nouveaux ordres d’évacuation de l’armée israélienne. En raison des restrictions de l’aide et du manque d’accès sûr, la famine touche désormais toute la population de Gaza, particulièrement les enfants.

La Cour internationale de justice (CIJ) avait ordonné à maintes reprises à Israël depuis janvier dernier de faire tout ce qui est en son pouvoir pour prévenir tout acte de génocide et permettre l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Sur requête de Pretoria, des mesures conservatoires additionnelles, comme celle de cesser immédiatement toutes les opérations militaires, contre Israël ont été prononcées par la CIJ vendredi 24 mai. Israël a répondu par un monstrueux bras d’honneur en continuant et accentuant les frappes meurtrières à Rafah et partout dans la bande de Gaza. Dans la nuit du 26 mai, un camp de réfugiés prétendument sûr, où Israël avait appelé les personnes déplacées à se rendre a été bombardé, faisant plus de 40 morts. Des images effroyables, insoutenables : tentes incendiées, victimes « brûlées vives », corps calcinés, mutilés...

De son côté, le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et son ministre de la Défense Yoav Gallant, ainsi que trois dirigeants du Hamas pour « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité », et en dépit d’une résolution adoptée par le Conseil de sécurité appelant à un « cessez-le-feu immédiat ».

Après avoir assuré son « attachement à la sécurité d’Israël », la position du gouvernement peine à évoluer, malgré la pression des appels et manifestations de la société civileen faveur d’un cessez-le-feu immédiat, mais en se contentant de déclarations sans lendemain ou adoptant des postures alambiquées et ambiguës.

Emmanuel Macron vient de se dire « indigné par les frappes israéliennes qui ont fait de nombreuses victimes » et appelle au respect du droit international, mais pas un mot pour les victimes, aucune condamnation d’Israël, aucune annonce de sanctions !
La France a ainsi réitéré son «  soutien à la Cour pénale internationale, son indépendance, et la lutte contre l’impunité dans toutes les situations  ». Mais encore faut-il joindre la parole aux actes ! Ainsi, si les mandats d’arrêts sont émis, la France ne pourra plus se contenter de déclarations mais aura obligation d’agir, y compris par l’arrestation des personnes visées si elles devaient se trouver en territoire français.

Poignée de main ..

Pendant ce temps, Stéphane Séjourné, ministre des Affaire étrangères, n’hésite pas à aller serrer la main de son homologue israélien mardi 21 mai à l’ambassade d’Israël à Paris…

Plus un « tabou »

Après la décision annoncée par l’Espagne, l’Irlande et la Norvège de reconnaître l’État palestinien, le quai d’Orsay répond que si ce sujet n’était plus « un tabou », mais que les conditions ne sont pas réunies.

Groupes d’amitié

Alors qu’il existe un groupe d’amitié France-Israël, le bureau de l’Assemblée nationale s’est opposé mercredi 15 mai à la création du groupe d’amitié France-Palestine, en remplacement de l’actuel groupe d’études à vocation internationale.

Étudiant·es réprimé·es

Des étudiant·es mobilisé·es en faveur d’un cessez-le-feu et du respect du droit international à Gaza ? La réponse se fait sans attendre en envoyant des forces de police dans l’enceinte des universités, en violation de la tradition de franchise universitaire visant à préserver la liberté et l’autonomie de la pensée.

Référés rejetés

Une requête a été déposée au tribunal administratif de Paris par un collectif d’ONGs [1] pour exiger la suspension des livraisons d‘armes à Israël [2], complétée par celle portée par Amnesty International [3], et une troisième derrière l’ONG Action sécurité éthique républicaine (ASER). Toutes ont été rejetées par le juge des référés sous prétexte qu’elle interfère avec « la conduite des relations internationales de la France ».

Pourtant, d’autres États (tels l’Espagne, l’Allemagne, ou le Royaume-Uni) autorisent un contrôle d’actes dans ces domaines. Face à cette immunité juridictionnelle en France, il est temps de faire évoluer la jurisprudence nationale afin de garantir la protection des droits fondamentaux et de procéder au contrôle des actes du pouvoir exécutif dans le cadre des relations diplomatiques ou internationales.

Pendant ce temps, alors que la CIJ a statué sur le caractère plausible d’un génocide en cours, la France peut continuer sans scrupule l’exportation d’armes et de biens à double usage à destination d’Israël, dont l’armée continue impunément d’affamer et de bombarder les civils de la bande de Gaza.

Et pendant ce temps, les géants de l’industrie israélienne de l’armement - tels que Elbit Systems, Rafael, ou Israel Aerospace Industries, des entreprises spécialisées dans les technologies de surveillance comme Controp Precision ou Maris Tech mais également le Ministère de la Défense israélien – vont pouvoir tranquillement, comme si de rien n’était, exposer librement leurs armes de guerre au Salon Eurosatory, un des plus grands salons d’armement au monde, qui se tiendra du 17 au 21 juin 2024 au parc des expositions de Paris Nord Villepinte.

En plus de la tribune « Aucune arme israélienne à Eurosatory 2024 ! » [4] déjà signée par plus de 150 organisations, une pétition est en ligne pour soutenir la campagne.

Une fuite en avant coloniale et meurtrière

Le massacre en cours est la conséquence d’une fuite en avant coloniale et meurtrière qui bafoue le droit international en toute impunité.

Nous exigeons un cessez-le-feu immédiat et permanent, la fin de l’occupation et de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés, l’arrêt de la livraison d’armes à Israël, de la coopération militaire et sécuritaire avec Israël.

Nous exigeons de la France qu’elle s’engage pleinement pour imposer à Israël l’application des ordonnances de la CIJ !

L’Accord d’association entre l’Union européenne et Israël doit être suspendu sans plus attendre ; de même que les relations économiques, diplomatiques, culturelles et universitaires.

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