Nous étions en plein mouvement lycéen, au moment où les Gilets jaunes prenaient leur essor. C’était un moment inouï, qui allait ouvrir un nouveau cycle de lutte, dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui : au même moment se soulevaient les oublié•e•s de tous bords, lycée•ne•s des quartiers populaires (pas seulement à Mantes) d’un côté et, côté Gilets jaunes, travailleurs, travailleuses et précaires qui ne se trouvaient représenté•e•s par aucune structure politique ou syndicale. Le pouvoir a su qu’il assistait à un tournant, et il s’est vengé. C’est ce qui a valu ce traitement odieux infligé à des enfants, traumatique pour beaucoup, dont la symbolique lugubre annonçait les outrances à venir du maintien de l’ordre et la mutilation systématique des manifestant•e•s qui affluaient de samedi en samedi.
Nous, ATTAC avec diverses organisations, nous répondons à l’appel des familles des lycée•ne•s de Mantes-la-Jolie à venir marcher au départ de Barbès le 8 décembre à leurs côtés. Parce que nous discernons trop bien, derrière l’humiliation, le rabaissement et le supplice infligé, non seulement l’injustice qui frappe les quartiers populaires au quotidien, qu’il faut continuer à combattre, mais aussi le signe d’une dérive autoritaire, ininterrompue et grandissante.
Nous, qui sommes investi•e•s dans des luttes syndicales, pour le climat, féministes, contre le néolibéralisme et la finance, nous voyons chaque jour la démocratie reculer, le droit de manifester remis en cause, l’incarcération des miliant•e•s et des manifestant•e•s se banaliser. S’opposer à cette escalade autoritaire, c’est commencer par se joindre aux victimes, à celles et ceux qui réclament des comptes à l’État. Nous marcherons le 8 décembre à Paris, au départ de Barbès, contre l’autoritarisme, le racisme, pour la démocratie et la dignité.
Illustration : capture d’écran réalisée sur le site de Libération