Il y a 20 ans, la victoire au référendum sur le traité constitutionnel européen

mercredi 4 juin 2025, par Attac France

Le 29 mai 2005, les Françaises et Français rejetaient le TCE, après une des plus vastes campagnes d’éducation populaire qu’on ait connues ces vingt dernières années. Et Attac y a joué un rôle essentiel !

Lors du référendum du 29 mai 2005, 54,7 % des électrices et électeurs se sont prononcés contre le projet de traité constitutionnel européen (TCE). Après le référendum sur le traité de Maastricht en 1992, où les partisans du "oui" l’avaient emporté de peu, il s’agissait pour les dirigeants européens de graver dans le marbre des principes constitutionnels pour une Europe libérale construite comme un espace monétaire et économique.

Le résultat fut donc sans appel, et ce n’est pas le fruit du hasard. Depuis les années 1990, l’UE avait pu montrer en quoi elle constituait un carcan budgétaire, justifiant les politiques d’austérité. De nombreux mouvements sociaux s’étaient emparés de la revendication pour une autre Europe, que ce soit les marches des chômeurs de la fin des années 1990 ou les mouvements altermondialistes, notamment lors des forums sociaux européens au début des années 2000.

Le rôle essentiel d’Attac dans cette vaste campagne d’éducation populaire

La campagne qui a précédé le référendum de 2005 a été une période riche et intense au cours de laquelle partisans et opposants au projet de TCE ont pu débattre au fond, dans un climat où les opposants au traité étaient régulièrement insultés, Michel Rocard jugeant par exemple « idiots » les arguments économiques d’Attac. C’est sans doute une des plus vastes campagnes d’éducation populaire qu’on ait connues ces vingt dernières années, avec une multiplication d’écrits, d’analyses, de rencontres, de lectures publiques… Une partie importante de la population s’est emparée d’un texte parfois ardu mais dont les logiques ont été largement saisies : pour construire une Europe qui donne la priorité aux droits sociaux, aux salaires, aux politiques écologiques, qui fasse vivre les petits paysans… Il fallait stopper cette Europe libérale en construction.
Car pour le non de gauche, il y a trois adversaires :

  • le TCE lui-même lancé par les dirigeants de l’UE,
  • ses partisans en France, alliance de sociaux-libéraux et d’une très grande partie de la droite et du centre,
  • et l’extrême-droite qui cherchait à imposer une réponse nationaliste face à l’Europe.

Si on a beaucoup retenu les alliances des partis politiques qui se sont nouées alors, la campagne du "non" de gauche a été aussi portée en bonne partie par des syndicats et des associations. Dans cette période, Attac a joué un rôle essentiel et reconnu, aux côtés d’autres organisations comme la fondation Copernic notamment. Dans les comités locaux, les meetings, les médias et les différents travaux de l’association, Attac a aidé à analyser et comprendre les enjeux et, ainsi, a contribué au résultat final.

La campagne antilibérale dans laquelle Attac s’est pleinement investie a naturellement fait l’analyse critique des politiques menées par l’Union européenne, qui a fait de l’Europe une zone de libre-échange à l’intérieure de laquelle la concurrence est érigée en totem. Les arguments de l’association, toujours orientés sur le fond, ont porté. Attac a ainsi notamment montré que la concurrence sociale a nui au progrès social, que la concurrence fiscale a accentué les injustices et les inégalités et que les privatisations prônées au nom de la concurrence ne se sont pas traduites par une amélioration des services ni par une baisse de leurs prix. La population a compris les dégâts des politiques néolibérales et s’est alors exprimée en toute conscience, malgré un discours dominant favorable au TCE, culpabilisateur et jouant sur les peurs.

Contre le TCE, pour une Europe plus socialement juste

Ce référendum a donc été l’occasion pour les opposants aux politiques néolibérales de se faire entendre, contre les partisans des politiques européennes dont les dégâts étaient déjà visibles. Le résultat historique de cette consultation démocratique qu’est le référendum a cependant été détourné en 2007, Nicolas Sarkozy ayant entraîné la France dans la signature du Traité de Lisbonne. L’Union européenne a donc poursuivi sur sa lancée, favorisant le développement de la crise démocratique et la montée de l’extrême droite. 10 ans après le TCE, la crise grecque a montré quel pouvait être le niveau de violence économique et démocratique face à un peuple qui avait pourtant clairement exprimé à plusieurs reprises son refus du diktat de la troïka.

Cette campagne de 2005 a également montré des clivages qui, aujourd’hui encore, perdurent. Parmi les opposants au TCE, Attac et les mouvements progressistes de gauche ont toujours souligné que leur opposition aux politiques néolibérales européennes n’était pas une opposition à l’Europe proprement dite, mais la voie pour un dépassement des frontières nationales en vue d’un alignement par le haut des droits sociaux et d’une possible coordination pour des politiques alternatives en matière agricole, énergétique, des transports ou de services publics par exemple.

Face au néolibéralisme, une autre Europe est nécessaire et possilbe

20 ans après ce référendum, la démonstration est faite que les politiques néolibérales et leur soutiens indéfectibles ont abimé la démocratie sans faire face aux enjeux, notamment sociaux, environnementaux et économiques. Si les débats critiques quant à l’Union européenne sont aujourd’hui moins présents dans les forces du mouvement social, ces enjeux demeurent cruciaux. La crise du Covid a montré que les règles budgétaires pouvaient être largement modifiées pour sauver le capitalisme. Elles peuvent l’être pour d’autres objectifs.

À l’heure où l’Union Européenne accentue ses politiques anti-migrants, où tous les pays connaissent des cures d’austérité, où l’Union européenne tente de se relancer via un plan de réarmement ; au moment où les désordres mondiaux – écologiques, guerriers, commerciaux…– se font de plus en plus violents, dans une période où l’extrême droite triomphe dans de nombreux pays de l’UE, plus que jamais, ce que nous disions en 2005 reste d’une brûlante actualité : une autre Europe est nécessaire et possible, parce qu’un autre monde est possible et nécessaire.

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